Tunisie: accusé de conflit d’intérêt, le Premier ministre dément

Le Premier ministre tunisien Elyes Fakhfakh, ciblé par des accusations de conflit d’intérêt car il possède des parts dans une société en contrat avec l’Etat, a assuré jeudi avoir respecté la loi dans cette affaire qui le fragilise en pleine crise politique.

Le scandale a éclaté après que M. Fakhfakh a indiqué lors d’une interview accordée à la radio privée Mosaïque FM le 14 juin qu’il était actionnaire d’une société privée spécialisée dans le recyclage des ordures qui a remporté des marchés publics.

Mercredi, le député Yassine Ayari, indépendant, a déposé deux plaintes au pôle judiciaire économique et financier accusant le chef du gouvernement de « conflit d’intérêt et d' »enrichissement illégal ».

« Fakhfakh gère toujours cette entreprise et n’a pas encore cédé ses parts, selon le registre national des entreprises que j’ai consulté », a indiqué à l’AFP ce député.

La loi de 2018 portant sur l’enrichissement illicite et le conflit d’intérêt dans le secteur public impose aux responsables étatiques de déclarer leurs biens à leur prise de fonctions et de ne pas exercer un autre « métier libéral ou un travail industriel ou toute activité privée rémunérée ».

Selon cette loi, M. Fakhfakh devait « charger une autre personne de gérer ses parts » dans un délai de 60 jours après sa prise de fonctions et en informer l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc).

A l’ouverture d’une séance plénière au Parlement, M. Fakhfakh a assuré avoir respecté et appliqué ces mesures, précisant que la loi ne lui imposait pas de céder ses parts.

L’Inlucc n’a pas rendu public les documents, mais dans une déclaration mercredi à Mosaïque FM, son président Chawki Tbib a affirmé que le chef du gouvernement avait bien fait une déclaration de ses biens mais n’avait pas encore cédé la gestion de ses actions.

« Pour couper court à cette histoire j’ai décidé de céder mes actions », a déclaré jeudi M. Fakhfakh, lors d’une audition sur le bilan de ses 100 premiers jours au pouvoir.

« Les gens qui tentent de porter atteinte à ma crédibilité et mon intégrité je leur dis vous pouvez toujours courir! », s’est-il emporté, suscitant la colère de certains députés.

Cette affaire intervient au moment où le chef du gouvernement, qui avait peiné à rassembler une majorité autour de son cabinet, est sous pression du parti Ennahdha, le principal au Parlement, pour modifier la composition de la coalition gouvernementale.

Ces tensions politiques se doublent de tensions sociales, accentuées par les restrictions sanitaires qui ont plombé l’économie.

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