Trump ou Biden, les Américains face à un choix historique

Rarement les Américains auront fait face à un choix aussi déterminant: profondément divisés, ils votaient mardi pour départager Donald Trump et Joe Biden, qui leur promettent deux visions des Etats-Unis aux antipodes.

Le pays, à cran sous l’effet conjugué de la pandémie et de fortes tensions sociales, se préparait à une longue nuit d’attente des résultats de ce scrutin historique.

Malgré un bilan plombé par le Covid-19, qui a fait plus de 231.000 morts aux Etats-Unis, Donald Trump a assuré au petit matin dans un entretien sur la chaîne Fox News avoir une « très solide chance » de battre son rival démocrate .

« C’est de la politique, c’est une élection, on ne sait jamais », a-t-il tempéré un peu plus tard lors d’une visite à un QG de campagne républicain dans la banlieue de Washington.

La voix fatiguée par une fin de campagne qui l’a vu enchaîner les meetings à un rythme effréné, le milliardaire de 74 ans a même, sur un ton rare, évoqué une possible défaite: « Gagner est facile, perdre n’est jamais facile. Pour moi, ça ne l’est pas ».

Favori des sondages depuis des mois, Joe Biden, 77 ans, ancien vice-président de Barack Obama, a refusé lui, « par superstition », de se livrer à des pronostics.

Le vieux routier de la politique s’est toutefois dit « confiant », encouragé par la forte participation des jeunes, des femmes et des Afro-Américains, qui forment le coeur de son électorat.

« Virer Trump« 

Après une campagne beaucoup plus discrète que celle de son adversaire, le démocrate a sillonné mardi l’Etat-clé de Pennsylvanie, où il est né, effectuant une sorte de pèlerinage dans les lieux marquants de son enfance.

« De cette maison à la Maison Blanche, par la grâce de Dieu », a-t-il écrit sur les murs du domicile de Scranton où il a passé ses jeunes années.

Dans tout le pays, les démocrates qui se sont rendus aux urnes pour l’élire semblaient surtout motivés par leur rejet de l’impétueux président.

« Je veux virer Trump », confiait Veronica Castro, une éducatrice de 37 ans croisée à Easton, en Pennsylvanie. « Il n’y a pas moyen: on ne va passer quatre ans de plus avec lui! »

A l’inverse, Clara Gimenez, une Américaine d’origine Cubaine, a elle fièrement voté pour Donald Trump à Miami: « Nous avons besoin d’un président qui a de la poigne, qui défend et aime son pays ».

Partout les électeurs se méfiaient de l’attitude du camp adverse. « Trump va faire tout ce qui est en son pouvoir pour gagner, c’est effrayant », estimait Megan Byrnes-Borderan, une New-Yorkaise démocrate de 35 ans.

« Des plans sur la comète »

Le président assure depuis des mois, sans apporter de preuves, que le vote par courrier va susciter des fraudes massives et laisse entendre qu’il pourrait engager une bataille judiciaire après l’élection.

Il a toutefois assuré mardi qu’il ne déclarerait pas victoire avant l’annonce des résultats officiels, balayant les spéculations de plusieurs médias américains. « Il n’y a aucune raison de tirer des plans sur la comète », a-t-il estimé.

Mais les Américains sont « en droit de connaître le résultat » pendant la nuit, a-t-il ajouté. « Le monde entier attend ».

Le vote par correspondance risque de retarder le dépouillement, parce que le décompte des bulletins arrivés dans les jours suivant le scrutin est possible dans de nombreux Etats.

Signe tangible des angoisses suscitées par le scrutin, les commerces de plusieurs grandes villes, dont Washington, Los Angeles ou New York, se sont barricadés en prévision de possibles violences post-électorales.

Mais la Bourse a terminé en forte hausse, manifestant une certaine confiance des marchés.

« L’Amérique d’abord »

Pendant toute la campagne, l’Amérique a donné au monde l’image d’un pays scindé en deux blocs qui ne se parlent plus.

Pendant des mois, Donald Trump a agité le spectre d’une « gauche radicale » prête à transformer la première puissance mondiale en un « Venezuela à grande échelle ».

Le magnat de l’immobilier, passé par la téléréalité avant de faire irruption en politique avec un message populiste, « l’Amérique d’abord », continue de se présenter en « outsider » en lutte contre un « establishment corrompu ».

Joe Biden, soutenu par Barack Obama, multiplie les mises en garde contre les conséquences potentiellement dévastatrices sur les institutions démocratiques d’un second mandat Trump, étrillé comme « le pire président » de l’histoire récente des Etats-Unis.

Ce pur représentant de l’aile modérée du parti démocrate a aussi fait de l’élection un référendum sur la gestion de la pandémie par le républicain.

Donald Trump n’a lui cessé d’être rattrapé par cette crise sanitaire, qu’il s’est toujours efforcé de minimiser. Jusqu’à être lui-même contaminé et hospitalisé, début octobre.

« Je suis guéri » et « immunisé », martèle-t-il depuis en vantant sa forme éclatante et en moquant celle de son rival.

Par contraste, Joe Biden paraît en effet plus fragile. Prompt aux gaffes, cet ancien bègue a encore semblé confus mardi lors d’une prise de parole à Philadelphie, mélangeant ses petites-filles et semblant présenter aux personnes autour de lui son fils Beau, décédé en 2015.

Etats-clés

La pandémie a toutefois permis à Joe Biden d’éviter une trop grande exposition médiatique et il devrait, à en croire les sondages, gagner le vote populaire.

Les chances du président ne sont pas nulles pour autant. Pour l’emporter, un candidat n’a pas besoin d’être majoritaire en voix au niveau national: il doit obtenir au moins 270 des 538 grands électeurs attribués au niveau des Etats.

Une poignée d’Etats où les deux candidats semblent au coude-à-coude joue donc un rôle primordial.

Mardi soir, dans un premier temps, tous les regards seront braqués sur la Floride, qui a promis d’afficher la couleur dans la nuit. Sans cet Etat qu’il avait gagné en 2016, la mission serait quasi-impossible pour Donald Trump.

S’il parvient à conserver la Floride, l’attention se déplacera vers la Pennsylvanie. Les intentions de vote y sont un peu plus favorables à l’ancien vice-président, mais avec un écart proche de la marge d’erreur.

Les résultats des candidats au Congrès sont également à suivre, puisque les marges de manoeuvre du futur président dépendront de la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat.

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