« Les Forces démocratiques syriennes [FDS] déclarent la totale élimination du soi-disant califat et une défaite territoriale à 100 % de l’EI », a encore déclaré un porte-parole des FDS, Mustefa Bali dans un communiqué.
Donald Trump s’est félicité de la nouvelle, promettant que les Etats-Unis resteraient « vigilants » face à la principale organisation jihadiste au monde. « Je suis heureux d’annoncer qu’avec nos partenaires de la coalition internationale (…), parmi lesquels les forces de sécurité irakiennes et les Forces démocratiques syriennes (FDS), les Etats-Unis ont libéré tous les territoires contrôlés par l’EI en Syrie et en Irak, 100 % du califat », a indiqué le président américain dans un communiqué.
Combats très violents
À l’issue de mois de combats, les FDS ont réussi à s’emparer des dernières positions djihadistes à Baghouz, un village de l’est de la Syrie, proche de la frontière irakienne. Les combats ont été très violents face aux derniers irréductibles de l’EI, a précisé ce porte-parole, mais les FDS ont désormais levé leur drapeau sur Baghouz pour célébrer leur victoire. La chute de Baghouz marque le couronnement de quatre années d’efforts internationaux pour venir à bout des djihadistes, même si l’EI demeure une menace, recourant à des tactiques de guérilla à partir de ses réduits dans des zones désertiques plus à l’ouest.
À son apogée en 2014, l’EI contrôlait un territoire aussi vaste que la Grande-Bretagne en Irak et en Syrie. L’organisation responsable d’atrocités et d’attentats meurtriers y compris en Europe y avait imposé un règne de terreur. Le dernier assaut des FDS contre l’ultime poche de l’EI à Baghouz, lancé début février, est la dernière phase d’une opération déclenchée en septembre 2018 pour chasser le groupe des derniers secteurs sous son contrôle en Syrie.
Les djihadistes cachés dans des caves dans Baghouz
La campagne militaire soutenue dans les airs par la coalition internationale soutenue par les États-Unis a été ralentie par la sortie de l’enclave de dizaines de milliers de personnes, dont des milliers de djihadistes qui se sont rendus et leurs familles. Les bombardements se sont poursuivis jusque tard dans la nuit avant la proclamation de la victoire par les FDS. Les djihadistes étaient au final acculés dans une petite bande de territoire au bord du fleuve Euphrate, dans la province de Deir ez-Zor. Il ne restait qu’une « colline contrôlée par l’EI », selon un responsable des forces arabo-kurdes.
Vendredi soir, la Maison-Blanche avait d’emblée annoncé que le « califat territorial de l’EI a été éliminé en Syrie », mais les FDS avaient ensuite souligné que les combats se poursuivaient. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les derniers djihadistes se cachaient dans des tunnels souterrains et des caves dans Baghouz. Depuis septembre, plus de 750 combattants des FDS ont péri dans les combats et presque le double de djihadistes, selon l’OSDH.
L’EI appelle à des attaques contre « les ennemis » en Occident
Et depuis janvier, plus de 67 000 personnes ont quitté la poche de l’EI, dont 5 000 djihadistes arrêtés après leur reddition, selon les FDS. Les civils parmi elles, la plupart des familles de djihadistes, ont été transférés dans des camps, principalement dans celui d’Al-Hol (Nord-Est). Quelques heures avant sa défaite, l’EI a, dans une vidéo diffusée sur ses comptes sur les réseaux sociaux, rejeté les déclarations sur la fin imminente du « califat » et appelé ses partisans à mener des attaques contre « les ennemis » en Occident.
L’EI avait proclamé en juin 2014 un « califat » sur de vastes régions conquises à cheval entre la Syrie et l’Irak, avant que son territoire ne se réduise comme peau de chagrin ces deux dernières années avec la multiplication des assauts contre l’organisation djihadiste. Malgré les défaites, l’EI a, semble-t-il, déjà entamé sa mue en organisation clandestine, et parvient toujours à mener des attaques sanglantes.
370 000 morts depuis mars 2011
La bataille contre l’EI était le principal front de la guerre en Syrie qui a fait plus de 370 000 morts depuis mars 2011, le régime syrien de Bachar el-Assad, soutenu par la Russie et l’Iran, ayant reconquis près des deux tiers du pays.
La guerre en Syrie, déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, s’est complexifiée au fil des ans avec l’implication de puissances étrangères et de groupes djihadistes.