Spectaculaire incendie dans une usine à haut risque à Rouen, pas de victime

Un spectaculaire incendie était toujours en cours jeudi matin dans une usine Lubrizol classée Seveso à Rouen, qui n’a pas fait de victime mais la préfecture a pris d’importantes mesures de protection des habitants.

"Il est conseillé de ne pas s’exposer inutilement aux fumées et de rester à l’intérieur autant que possible", a indiqué la préfecture de Seine-Maritime dans un communiqué.

Vers 2H30, un incendie s’est déclaré dans un entrepôt de l’usine, située à environ 3 km du centre-ville et de la cathédrale de Rouen. L’usine, classée Seveso seuil haut, fabrique et commercialise des additifs qui servent à enrichir les huiles, les carburants ou les peintures industriels.

Le panache de fumée noire dégagé, lié à la présence "d’hydrocarbures", est "forcément anxiogène" mais les "premières analyses n’ont pas fait apparaître de toxicité aiguë sur les principales molécules que nous suivons, ce qui est plutôt rassurant", a déclaré le préfet de Normandie Pierre-André Durand.

Une cellule de crise a été mise en place à la préfecture, qui a déclenché des sirènes d’alerte dans plusieurs communes de Seine-maritime pour prévenir les habitants.

"Il est essentiel dans ce cas-là d’informer en direct la population (…) pour éviter tout mouvement de panique", a expliqué le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, selon lequel il n’y a "pas d’élément qui permette de penser qu’il y a un risque lié aux fumées".

Un périmètre de 500 mètres autour du site a été évacué, et les quelques habitants de cette zone industrielle sont invités à rester chez eux, selon le préfet.

Environ 200 pompiers sont présents sur les lieux pour faire face à un feu "complexe techniquement", d’après le préfet.

Des précédents

Plusieurs établissements accueillant du public sont fermés, comme les établissements scolaires (écoles, collèges, lycées) et les crèches à Rouen et dans onze autres communes avoisinantes, a précisé la préfecture. Les maisons de retraites font l’objet d’une mesure de confinement, selon la même source.

Selon un correspondant de l’AFP présent sur place, une odeur acre était perceptible. Vers 9H45, un épais nuage de fumée était visible à une dizaine de km de Rouen.

La préfecture a demandé de "limiter les déplacements non indispensables", ajoutant que les transports en commun fonctionnaient. "L’incendie entraîne des dépôts de suie sous forme de retombées, ingérer des suies peut être néfaste pour la santé", précise-t-elle.

Dans un message sur twitter, la préfecture indique que "les grands événements génèrent un flux d’images et d’informations d’une extrême densité. Attention aux Fakenews qui circulent déjà sur l’incendie de Lubrizol à Rouen".

Créée en 1954 sur les bords de la Seine, rive gauche, cette usine a été classée Seveso en raison des risques qu’elle comporte.

En janvier 2013, elle avait été à l’origine d’une fuite de gaz malodorant qui avait empuanti jusqu’à la région parisienne et au sud de l’Angleterre. En 2014, la société Lubrizol France avait été condamnée à une amende de 4.000 euros.

Les émanations ressenties, ressemblant à une odeur de chou ou d’oeuf pourri, étaient du mercaptan, un composé inoffensif à faible dose utilisé comme marqueur du gaz de ville. Un incident impliquant du mercaptan s’était produit déjà en 1990 mais les vents avaient poussé l’odeur vers les côtes.

Plus récemment, en 2015, quelque 2.000 litres d’huile minérale se sont déversés dans le réseau d’évacuation des eaux pluviales après un "incident d’exploitation" à l’usine chimique.

L’usine à Rouen appartient au groupe de chimie américain Lubrizol Corporation, lui-même propriété de Berkshire Hathaway, la holding du milliardaire et célèbre investisseur américain Warren Buffett.

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