Solitaire et amateur de jeux vidéo violents: mystère autour du tueur de Munich
Un jeune homme serviable et sans histoires, réservé et fan de jeux vidéo de guerre : pour ses voisins, encore sous le choc, rien ne pouvait laisser présager l’acte fou du tireur qui a assassiné neuf personnes à Munich.
A l’entrée du bâtiment, coincé entre une concession de voitures de luxe Mazerati et une boutique de robes de mariée, au 69 de la Dachauer Strasse, Delfye Dalbi cherche en vain le moindre indice d’une faille chez son jeune voisin. "Je ne l’ai jamais vu en colère, je n’ai jamais entendu de problème avec la police ou avec les voisins", raconte cette mère de famille d’origine macédonienne qui habite au premier étage de la résidence.
L’auteur de la tuerie vivait avec ses parents et son jeune frère dans un trois-pièces du cinquième étage et avait fréquenté l’école du quartier, précise-t-elle. "Il était très gentil, serviable. Il riait comme toute personne normale (…) Quelque chose s’est passé dans sa tête", ne peut-elle que lâcher.
Les deux parents sont iraniens, selon le voisinage, le père chauffeur de taxi, la mère ancienne employée de la chaîne de grands magasins Karstadt. Tous deux arrivés à la fin des années 1990 comme demandeurs d’asile.
"Je suis vraiment désolée pour la famille, même pour ce garçon (…) Les gens disent que c’est parce qu’il est musulman, ça n’a rien à voir", insiste Delfye Dalbi. Selon le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, le jeune homme s’était même converti à la religion chrétienne, d’où son prénom David.
Pour Sedik Ali, un Afghan de 29 ans, le tueur, plutôt grand et costaud, laissera surtout le souvenir d’un jeune homme seul, à l’écart des autres. "C’est étrange, mais il ne parlait jamais avec nous", note ce voisin.
L’auteur de la tuerie souffrait en fait d’une "forme de dépression", a annoncé samedi le procureur de Munich. Il a décrit l’acte classique d’un "forcené" emporté dans une crise de folie meurtrière, sans lien avec le groupe Etat islamique (EI).
Dans une vidéo amateur filmée lors de la fusillade, il s’écrie en réponse à un riverain qui le traite de métèque: : Je suis Allemand, je suis né ici" puis, comme en forme excuse, "J’étais en traitement hospitalier". Il aurait fait l’objet de "harcèlement" de la part d’autres "jeunes de son âge", a souligné M. de Maizière.
Selon une source policière citée par l’agence DPA, il était fan de jeux vidéos de guerre et, plus symptômatique, un admirateur d’un jeune Allemand de 17 ans qui avait perpétré un massacre dans son école près de Stuttgart en 2009.
(Source AFP)