SIEL 2020 : la culture est “la réponse adéquate” aux problématiques sociétales modernes (M. Chevènement)
La culture est « la réponse » adéquate aux problématiques sociétales modernes, a estimé vendredi à l’ouverture du SIEL à Casablanca, l’ancien ministre français de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement.
Intervenant autour du thème “Image du Maroc au-delà des frontières… Réalités et représentations”, à l’occasion du cycle de conférences, lancé par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) dans le cadre de la 26è édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL 2020), M. Chevènement a indiqué que l’ouverture du Maroc et sa « complexe » identité lui ont permis de se façonner une image positive à l’international, en « adoptant un modèle d’islam modéré ».
La France a connu une lignée d' »orientalistes », experts, qui ont « puissamment » contribué au renouvellement de la connaissance des traditions musulmanes, a dit l’ancien ministre français. Pour cet ancien homme politique français, l’immigration économique qu’a connue l’hexagone dans les années 60-70, en plus du passé conjoint entre le Maroc et la France, a permis à ces deux pays de créer un lien humain très profond. Se remémorant, à l’occasion, le souvenir du turban que portait sa mère, lors d’un bal populaire, pour rendre hommage aux soldats marocains, dont le courage a ébloui le simple citoyen français, « ces soldats infatigables, enveloppés dans des tissus de laine ».
Il a en outre, signalé que le Maroc avec son passé riche, son identité complexe et sa diversité religieuse, additionné à sa position géographique au porte de l’Afrique, font de lui un pays « intriguant, pouvant être apprécié à travers les carnets de Delacroix ».
Néanmoins, malgré le développement du Maroc perçu à travers ses grandes réalisations telles que le port Tanger Med ou la centrale solaire Noor de Ouarzazate, des problèmes sociétaux persistes, partagés aussi par la France tels que le chômage et qui sont nés d’une globalisation et une mutation économique mondiale, a indiqué M. Chevènement, faisant savoir que l’immigration, fruit de cette globalisation, est un « difficile parcours, qui implique une torsion des habitudes et de la culture ».
Le défi actuel réside dans l’atteinte d’un équilibre entre le référentiel culturel d’origine des Marocains du monde et la culture des pays d’accueil, à travers une culture qui contribue à façonner une image plus juste du pays, a t-il ajouté.
De son côté, le secrétaire général du conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), Boussouf Abdellah a mis en exergue le rôle important du Marocain du monde, dans la construction d’une image positive du Maroc dans leur pays d’accueil.
La nature de l’identité de l’autre qui reflète en réalité un contact et un dialogue de cultures et de civilisations, se reflète à travers les approches médiatiques, politiques et intellectuelles au sein des pays de résidence où cette image évolue, a rappelé M. Boussouf.
Pour le secrétaire général du CCME, la montée de l’extrême droite en Europe et les images négatives véhiculées par certains médias font qu’il est nécessaire de rectifier et de corriger la visibilité du pays pour atteindre l’image du Maroc réel, pays d’une riche diversité culturelle et humaine. Il a, par ailleurs, appelé à connaître l’autre à travers ses propres ressources et non d’une image ou d’un stéréotype véhiculé, notant que la connaissance et le savoir critique de l’autre, annule le choc des civilisations, qui est un « produit de l’ignorance ».
Pour sa participation à la 26e édition du SIEL, le CCME a choisi le thème « Image du Maroc au-delà des frontières : réalités et représentations », afin d’’approfondir la compréhension de la structure de l’image que l’autre a construite du Maroc et de ses citoyens à l’étranger et d’explorer ses fondements historiques, religieux et culturels afin d’élaborer des réponses constructives à même de reconstruire une image objective du Maroc à l’étranger basée sur la réalité de l’apport des compétences marocaines dans les pays d’accueil.