Un bébé, dont le papa pourrait se retrouver très vite au chômage, un nourrisson contraint, dès son huitième mois, de quitter son berceau douillet de l’Elysée pour un départ vers l’Italie. Un bambin transbahuté, partagé entre une mère tentant un énième come-back dans la chanson, et un père rédigeant ses mémoires sous la férule d’un Henri Guaino lugubre et cafardeux… ne peut que mal tourner. Il y avait urgence. Evidemment, comme toutes les idées lumineuses, on se demande : pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Imaginez tous les problèmes, les drames qu’on aurait pu éviter si l’on avait surveillé, fliqué nos maternelles depuis des décennies. Les experts interrogés sont formels : «Les difficultés apparaissent très tôt chez l’enfant et elles ne se rattrapent pas.»
En 1962, à la maternelle de Neuilly-sur-Seine, Mme Dupuis avait repéré le comportement étrange du petit Brice H… Cet enfant blond, d’une pâleur extrême, ne supportait pas ses camarades de couleur et multipliait à leur encontre des plaisanteries douteuses. Il parlait de les mettre un jour dans des avions avec des liens aux pieds ! A peine sut-il écrire, Brice noircit des fiches sur ses camarades, riches de renseignements étranges : couleur de peau, profession des parents, tendance politique. Il fouillait les cartables et écoutait les conversations aux portes. La maîtresse avait signalé le problème à la directrice, Mme Lebrun, qui n’avait rien fait. Elle s’était contentée d’évoquer un cas similaire à la maternelle de Vimy dans le Pas-de-Calais, celui du petit Guéant. Un enfant souffreteux et solitaire qui se faisait sans cesse bizuter et casser ses lunettes. Un jour, «la Cloche» (c’était son surnom) avait été retrouvée dans la cour, le zizi recouvert de dentifrice. La Cloche, qui ne pleurait jamais, ne montrait jamais aucune émotion, avait promis de se venger. Inquiète, la directrice nota dans son dossier scolaire : «Il faudrait que cet enfant soit entouré d’amour, que sa mère s’occupe de lui, qu’on lui offre un chien, un poisson rouge, sinon, je redoute le pire.» Peine perdue, la Cloche, (surnommée aussi «Claudine» lors de sa puberté), ne sera jamais prise en charge.
Les exemples sont légion : à la maternelle de Fès, le petit Eric Besson aurait dû être classé comportement «à haut risque». Rien ! Eric trahissait ses copains en permanence. Il les amadouait, leur promettait la lune et les balançait par-derrière à la maîtresse. S’il jouait à la balle aux prisonniers, il se débrouillait toujours pour finir du côté des vainqueurs. Une vraie girouette.
Que dire encore de la petite Dati, attirée par tout ce qui brille, arriviste au dernier degré ! A 3 ans, elle suppliait sa mère de broder la marque Bonpoint sur ses pulls Kiabi. Elle disait qu’elle ne voulait pas de maris et chantait à tue-tête la chanson de Goldman : «Elle a fait un bébé toute seule.» Dans cette famille maghrébine de onze enfants, ça passait très mal. Les autorités scolaires n’ont rien fait !
Et la Morano, une chipie hystérique, qui exigeait qu’on l’appelle «Marilyn». «Marilyn, tu te la pètes, quand tu parles, lui disaient les enfants, on dirait que tu vends du poisson sur un marché !»
Et le petit Lefebvre, si attardé, qu’un temps, il fut question de lui faire redoubler sa maternelle.
Borloo, qu’on avait surpris avec une fiole de calva durant un pique-nique au zoo de Vincennes, était surnommé «la Baudruche» car il promettait des choses extravagantes et se dégonflait toujours.
Que dire du petit Fillon, dépressif notoire, toujours fourré à l’infirmerie, où la jeune Roselyne, passionnée par les médicaments, lui faisait goûter des cocktails de tranquillisants.
Et le petit DSK, obsédé sexuel à 3 ans et demi, en érection du matin au soir. Il s’amusait à soulever le couvercle de son pupitre avec son zob. A la sieste, la maîtresse traumatisée, refusait de lui mettre une couche. Rien, jamais rien, n’a été fait pour ces enfants.
En 2009, pourtant, Anne-Marie Laroche Verdun, la maîtresse de maternelle de Nicolas Sarkozy, a publié un livre dans lequel elle décrit un Nicolas «timide et introverti, sans cesse fourré dans ses jupes, qui ne commandait pas et avait peur des autres». Un petit garçon, qui ne pouvait pas participer aux courses de relais, car ses camarades l’accusaient «d’avoir de trop grosses fesses et de les faire perdre !» Il aurait suffi pourtant de si peu de chose : classer cet enfant à «haut risque», lui dire que ses fesses étaient normales et l’entraîner à la course. Aujourd’hui, cinquante-trois ans plus tard, on n’en serait pas là.