Retiré de la vie politique mais « référence » à droite, Nicolas Sarkozy distille ses apparitions dans une campagne municipale qu’il suit de très près, même s’il exclut toute idée de retour à deux ans de la présidentielle.
Lundi soir, l’ancien chef de l’Etat participera — sans discours — au grand meeting de campagne de Rachida Dati organisé salle Gaveau, là même où Nicolas Sarkozy avait fêté sa victoire à la présidentielle le 6 mai 2007.
Jeudi, il devait être à Perpignan où le maire LR sortant Jean-Marc Pujol affronte le candidat RN Louis Alliot. Il a finalement annulé ce déplacement par précaution face au nouveau coronavirus, a-t-on indiqué chez LR.
« Il est submergé de demandes », explique-t-on au siège, où l’on n’exclut pas d’autres déplacements entre les deux tours des municipales (15 et 22 mars).
M. Sarkozy, retiré de la vie politique depuis son échec à la primaire de la droite fin 2016, a multiplié les apparitions remarquées ces derniers temps: auprès du numéro 2 du parti Guillaume Peltier à Romorantin, du maire de Nîmes Jean-Paul Fournier, du député des Alpes-Maritimes Christian Estrosi à Nice, du patron de LR Christian Jacob à Provins…
« Il fait figure de référence, chacun souhaite l’accueillir », explique son ancien conseiller Franck Louvier, car « il a encore cette capacité à mobiliser les foules et les esprits ».
M. Sarkozy reste en effet la personnalité politique préférée des sympathisants de droite (76 % d’opinions favorables selon un sondage Elabe publié jeudi), devant François Baroin (62 %) et Rachida Dati (59 %). Son ouvrage « Passions » s’est vendu à près de 200.000 exemplaires l’an dernier.
Pour la première fois en trois ans et demi, il est revenu en février au siège du parti qu’il avait lui-même dirigé jusqu’à sa démission en 2016, pour un déjeuner avec Christian Jacob.
« Un signe d’amitié » envers le nouveau président, qui a entrepris un travail de fond et de rassemblement après les années de querelles d’égo mortifères, et envers LR, où certains se félicitent d' »une nouvelle ère de relations avec Sarkozy », aujourd’hui « rassuré » du chemin que prend le parti.
« Jamais dire jamais »
L’ancien président suit aussi de près la campagne, notamment à Paris où la droite part en ordre dispersé dans le XVe arrondissement, puisque la candidate LR affronte le maire sortant (LR lui aussi). Dans ce sac de noeuds, chaque camp se prévaut de contacts avec Nicolas Sarkozy…
Pour autant, « voir dans ces clins d’oeil le début d’un retour serait une erreur d’analyse », assure Guillaume Peltier, le numéro 2 de LR, qui défend comme M. Sarkozy une ligne populaire et sociale.
« Il a un amour profond pour la France et donc une passion pour la politique » mais « depuis 2017 son rôle a changé, il considère qu’il doit transmettre » et « son autorité, son expérience sont des atouts considérables », ajoute-t-il.
« Son rôle est sans ambiguïté. Il assume d’être un ancien président, et plus un homme politique », assure-t-on au parti.
Mais ces apparitions sont « aussi pour lui un moyen d’achever de réhabiliter son bilan », glisse un élu.
L’ex-chef de l’État le disait à Romorantin: « Mon devoir est de rendre aux Français un peu de tout ce qu’ils m’ont donné en participant, à ma place qui est forcément différente, à la grandeur de notre pays ». « Il faut que je me concentre beaucoup pour ne pas aller plus loin, ce ne serait pas bien », avait-il plaisanté.
D’autant qu’il sera jugé en octobre dans l’affaire dite des « écoutes ». Il doit également comparaître, à une date encore non fixée, pour ses dépenses excessives de campagne 2012 dans l’affaire Bygmalion.
D’autres alimentent pourtant le suspense. « Sarkozy est déchaîné, il est dans le schéma d’y aller », assure un ex-élu LR.
« Il ne faut jamais dire jamais avec Nicolas Sarkozy », nuance un député. Mais « pour qu’il revienne, il faudrait vraiment qu’il incarne le père de la Nation ».