Tout cela vire au feuilleton people de plus en plus ridicule, mais l’enjeu n’est pas anodin. Nicolas Sarkozy tergiverse sur l’orientation politique qu’il va donner à la fin de son quinquennat. D’un côté, il y a le choix d’un tournant social, qui serait incarné par la promotion de l’actuel ministre de l’Ecologie. De l’autre, il y a celui de la continuité, avec l’hypothèse d’un remaniement ne concernant que les ministres, mais laissant le premier d’entre eux inchangé.
Officiellement, le chef de l’Etat n’a pas encore fait son choix, mais ses préférences ont largement filtré : il penche pour Borloo. Un choix de cœur d’abord – Sarkozy se sent des affinités avec l’homme, alors que Fillon l’agace -, mais aussi de raison. Cette nomination montrerait aux syndicats et à l’opinion que, même si le Président est resté ferme sur la réforme des retraites, il a quand même tenu compte de l’«inquiétude» exprimée par le mouvement de protestation. Elle permettrait aussi de circonscrire toute velléité d’indépendance de la galaxie centriste, et par là même, de ruiner toute idée de candidature indépendante.
Depuis quelques jours, c’est donc le produit «Borloo social» qui est vendu par les conseillers du Président ou par l’intéressé lui-même. Sur Canal+, dimanche, le ministre de l’Ecologie s’est dit partisan de «reprendre le chemin de la cohésion sociale» et a appelé à «tendre la main aux plus fragiles». Dans cette optique, un gouvernement Borloo donnerait un coup de barre au centre, revenant sur la mesure la plus contestée du quinquennat, le bouclier fiscal, et, selon des proches du chef de l’Etat, lancerait des initiatives en faveur de «l’insertion des jeunes» ou du «dialogue social». Pour autant, le volet sécuritaire, cher au Président, ne serait pas abandonné. Il continuerait à être assumé directement par lui-même.