Réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat de Carine sous les yeux de leur fils

Jean-Régis Julien a été condamné jeudi soir à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté par la cour d’assises du Gard pour avoir assassiné Carine, son ex-compagne de trois balles dans la tête devant leur fils. 

La cour d’assises a également ordonné le retrait total de l’autorité parentale de l’ex-policier âgé de 39 ans sur son fils Mathis, aujourd’hui âgé de 7 ans et élevé par sa tante maternelle.

La cour d’assises a infligé la peine maximale et est allée au delà des réquisitions de l’avocat général Hervé Poinot qui avait demandé 30 ans de réclusion criminelle, assortis de 20 ans de sûreté et le retrait total des droits parentaux.

« Ce que vous avez à juger c’est un féminicide, ce n’est pas un terme juridique tiré du code pénal, ça ne me dérange absolument pas », a lancé M. Poinot aux assises du Gard.

A plusieurs reprises, il cite ce terme à propos de la mort de Carine, éducatrice spécialisée abattue sans un mot à l’âge de 24 ans dans sa voiture sur la rocade d’Alès (Gard) le 27 février 2016.

Dénonçant un « crime de propriété » et une « exécution », l’avocat général a demandé une mesure de sûreté des deux tiers, afin de « garantir la protection » de la société et plus particulièrement de futures femmes qui pourraient croiser la route de M. Julien, policier radié et ex-pompier volontaire qui multipliait les liaisons.

En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit 25 de plus que l’année précédente, selon les derniers chiffres officiels. Selon un décompte de l’AFP, 58 femmes ont été tuées dans les mêmes circonstances en 2020.

« La défense refuse que le procès de M. Julien soit le procès du féminicide. Ce ne doit pas être le procès du meurtre des femmes, mais du meurtre d’une femme », a pour sa part plaidé en défense Me Clémence Cottineau. L’avocate a par ailleurs assuré pour expliquer les regrets tardifs et maladroits de son client et ses demandes de remises en liberté qu’il était « en décalage complet avec la réalité ».

« Il se croit propriétaire à vie de sa femme. Il la massacre quand elle tente de lui échapper », a pour sa part martelé l’avocat général à propos de Jean-Régis Julien.

M. Poinot a estimé que ces faits avaient été « prémédités » après la plainte de Carine, une semaine avant d’être tuée, pour des appels malveillants et des intrusions nocturnes à son domicile et après la révélation qu’elle avait un nouveau compagnon.

L’accusé a continué jeudi lors de son interrogatoire à contester toute préméditation.

 

 « Héritage de mort »

 

« Je pense qu’il a vu son fils » à l’arrière du véhicule, a ajouté M. Poinot, contrairement aux assertions de l’accusé. « Ca ne l’arrête pas parce que sa volonté est actée ».

L’avocat général relève « des failles béantes » chez l’accusé « qui ne sont ni pour lui ni pour personne un permis de tuer ».

« Il harcèle et violente toutes celles qui l’ont quitté », s’indigne-t-il.

« Je regrette sincèrement au nom de l’institution que tout n’ait pas pu être fait à temps », a-t-il déclaré, notamment à propos d’une plainte pour violences d’une ex-compagne de l’accusé classée sans suite en 2005, après un harcèlement similaire à celui que Carine a connu avant d’être tuée.

Hervé Poinot a qualifié l’accusé de « père dangereux » en réclamant le retrait total de ses droits parentaux.

« Quelque part Jean-Régis Julien a aussi tué Mathis », a-t-il souligné, rappelant que le petit garçon avait « assisté au meurtre de sa mère dans le bruit et la fureur… et reçu des éclats de sang et de cervelles de sa mère ».

« Il vivra le reste de son existence avec ce fardeau », a-t-il conclu, estimant que l’accusé ne devait pas être en position un jour de lui réclamer une prise en charge financière.

« Ses émotions sont feintes. Son narcissisme l’aveugle. Il n’a aucun remords », a lancé à l’accusé Me Anaïs Farget, défendant Mathis et sa tante Christelle, qui l’élève. Tous deux ont « peur… de ce que cet homme serait capable de faire s’il sortait », a-t-elle assuré dans sa plaidoirie.

Mathis « refuse l’héritage de mort que lui a laissé son père », a ajouté la pénaliste. « Il ne veut devenir ni policier ni pompier mais astronaute pour rejoindre » sa mère, « cette étoile qui brille dans le ciel ».

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