Pressions pour un gouvernement d’union en Libye face à la menace de Daesh

Les pressions pour la formation d’un gouvernement d’union nationale en Libye, pays en proie au chaos et menacé par la montée en puissance du groupe Etat islamique (EI), se sont multipliées dimanche depuis l’Afrique et l’Europe.

Réunie à Addis Abeba, l’Union africaine (UA) a annoncé la création d’un groupe de cinq chefs d’Etats pour aider à la formation d’un gouvernement d’union en Libye.

Il est "urgent" de trouver une solution politique à la crise libyenne pour permettre à la communauté internationale de venir en aide militairement à un futur gouvernement d’union nationale et empêcher l’EI de progresser dans le pays, a de son côté estimé le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.

La Libye est déchirée depuis un an par une guerre civile et compte deux gouvernements et deux Parlements rivaux, les uns basés à Tripoli et les autres, reconnus par la communauté internationale, dans l’est du pays.

La France et les Etats-Unis, qui sont engagés dans une lutte militaire contre l’EI en Irak et en Syrie, où cette dernière a conquis de vastes portions de territoire, craignent que les jihadistes ne renforcent leurs positions en Libye où ils ont déjà pris pied dans la ville côtière de Syrte.

"Daech (acronyme en arabe de l’EI) s’installe", a rappelé le ministre français lors de l’émission radio-télévisée Le Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro.

"Ils sont là, sur près de 300 kilomètres linéaires de côtes, et ils se répandent. Et ils sont à 350 kilomètres de Lampedusa (île italienne, ndlr). Lorsque le beau temps va arriver en Méditerranée, il y a des risques de passage de combattants", a-t-il ajouté.

Comme Washington et l’ONU, il a pressé les Libyens de mettre en place un gouvernement d’union nationale prévu par un accord signé entre des représentants des deux camps rivaux au Maroc mi-décembre.

De son côté, l’UA a averti que "le soi-disant IS (groupe Etat islamique) se propage vers l’est de la Libye, frappant les installations pétrolières comme à Ras Lanouf et souhaitant élargir sa présence dans ce pays, y compris au sud".

"C’est un aspect qui nous préoccupe tous et qui commande une action vigoureuse mais nous ne pouvons le faire que si nous avons un gouvernement en place et des forces libyennes que nous pourrons à ce moment-là encadrer, équiper", a déclaré le Commissaire Paix et Sécurité de l’UA Smaïl Chergui.

– Rencontre surprise-

"Les chefs d’Etat ont décidé de relancer le groupe de contact de haut niveau sur la Libye qui sera composé de cinq chefs d’Etat", a-t-il poursuivi sans donner la composition de ce groupe.

Les chefs d’Etat africains ont également nommé l’ancien président tanzanien Jakaya Kikwete nouvel envoyé spécial de l’UA sur la Libye.

Mais l’UA a affirmé ne pas croire pour le moment à une solution militaire. "Cela compliquerait davantage la donne", selon M. Chergui.

Les Etats-Unis envisagent l’ouverture d’un nouveau front contre l’EI en Libye et un responsable américain de la Défense a indiqué en fin de semaine que le Pentagone préparait des options pour une éventuelle intervention militaire.

Sur le terrain en Libye, le Premier ministre désigné d’un futur gouvernement d’union, Fayez el-Sarraj, a rencontré le général controversé Khalifa Haftar, chef des forces loyales aux autorités reconnues internationalement, pour discuter du conflit politique, a-t-on appris dimanche.

Cette rencontre surprise qui s’est déroulée à al-Marj (est) intervient alors que M. Sarraj doit proposer dans les prochains jours une nouvelle composition de son gouvernement, plus restreinte que celle qui a été rejetée lundi dernier par le Parlement reconnu et qui comptait 32 ministres.

Les députés du Parlement reconnu craignent une remise en cause de la prééminence du général Haftar, qui s’est imposé comme le commandant des forces des autorités basées dans l’est.

Sa mise à l’écart est l’une des conditions posées par les autorités rivales du Congrès général national (CGN) installées à Tripoli.

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