Présidentielle russe : Poutine se moque du résultat du moment qu’il gagne

Les bureaux de vote ont ouvert en Russie, où Vladimir Poutine est crédité de 70 % d’intentions de vote. Il est assuré de remporter un quatrième mandat.

Les Russes ont commencé à se rendre aux urnes ce dimanche 18 mars pour une élection présidentielle qui devrait sacrer sans surprise le triomphe de Vladimir Poutine, crédité d’environ 70 % des intentions de vote en l’absence remarquée de son principal opposant. Une victoire de Vladimir Poutine le placerait aux commandes du pays jusqu’en 2024 et conforterait son statut d’homme fort et incontournable de la Russie, qu’il a fait revenir ces dernières années sur le devant de la scène internationale, au prix de tensions sans précédent avec les Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.

Mais faute de suspense et vu les appels au boycott de l’opposant Alexeï Navalny, le Kremlin a tout fait pour que la participation, seul véritable baromètre de ce scrutin, soit aussi forte que possible dimanche. Selon la Commission électorale, la participation globale s’établissait à 07 heures GMT à 16,55 %, soit bien davantage que lors des élections précédentes à la même heure. L’agence publique TASS a pour sa part fait état de taux de participation dépassant les 60 %, voire les 70 %, dans les régions de l’Extrême-Orient russe, où le vote, pour lequel plus de 107 millions d’électeurs sont appelés aux urnes, s’est terminé plus tôt compte tenu du décalage horaire.

Les autorités ont mené des campagnes massives d’information et d’incitation au vote, facilitant le vote hors du lieu de résidence mais aussi, selon des médias, en faisant pression sur les fonctionnaires ou les étudiants pour aller aux urnes. Des militants de l’opposition ont fait par exemple état dimanche d’électeurs amenés en bus dans les bureaux de vote par la police ou de coupons de réductions distribués aux Russes se rendant aux urnes.

« Je suis sûr du programme que je propose au pays »

Vladimir Poutine a assuré, après avoir voté à Moscou, qu’il se satisferait de tout score lui permettant d’être élu pour un quatrième mandat. Interrogé sur le score qu’il jugerait satisfaisant, le président russe a répondu, selon les images retransmises par l’AFP TV : « N’importe lequel, du moment qu’il me donne le droit d’exercer la fonction de président. » « Je suis sûr du programme que je propose au pays », a-t-il ajouté, costume noir et cravate bordeaux, dans le bureau de vote numéro 2151, dans les locaux de l’Académie des sciences de Moscou, où il a déjà plusieurs fois mis son bulletin dans l’urne ces dernières années.

Plus de 107 millions d’électeurs sont appelés aux urnes dimanche à partir de 8 heures locales à travers le plus grand pays du monde. Compte tenu du décalage horaire, les bureaux de vote avaient ouvert à partir de samedi 17 mars au soir et dans la nuit en Sibérie et en Extrême-Orient. Loin devant ses adversaires, Vladimir Poutine, loué par les uns pour avoir ramené la stabilité après les dures années 1990 et vilipendé par les autres pour un net recul des libertés, a peu de souci à se faire.

Le boycott de Navalny

À 65 ans, il devrait remporter un quatrième mandat, plus de 18 ans après avoir été désigné comme successeur par le premier président russe, Boris Eltsine. Le candidat millionnaire du Parti communiste, Pavel Groudinine, est crédité de 7 % des voix et le troisième, l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski, de 5 %, devant la journaliste libérale Ksénia Sobtchak (1-2 %), les quatre autres candidats se contentant de scores négligeables. Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, a lui été exclu de la course après avoir été déclaré inéligible par la Commission électorale en raison d’une condamnation judiciaire pour détournement de fonds, qu’il dénonce comme orchestrée par le pouvoir.

Jouissant d’une fidèle base de soutiens dans tout le pays, Alexeï Navalny a appelé au boycott de l’élection et dépêché des observateurs dans les bureaux de vote. Faute de suspense et vu les appels au boycott, le principal objectif du Kremlin pendant cette campagne atone aura été de convaincre les électeurs de se déplacer, notamment la « génération Poutine », ces jeunes qui votent pour la première fois et n’ont connu que Vladimir Poutine au pouvoir. Le Kremlin a donc tout fait pour que la participation, seul véritable baromètre de ce scrutin, soit aussi forte que possible dimanche, menant une campagne massive d’information et d’incitation au vote, facilitant le vote hors du lieu de résidence mais aussi, selon des médias, en faisant pression sur les fonctionnaires ou les étudiants pour aller aux urnes.

Tensions Est-Ouest

La dernière semaine de campagne a été marquée par un regain de tension entre Moscou et les Occidentaux en raison de l’empoisonnement en Angleterre d’un ex-agent double russe, à l’origine d’expulsions de diplomates réciproques entre la Russie et le Royaume-Uni. Les démentis, échanges d’accusations et menaces de représailles réciproques qui ont rythmé la semaine résument un mandat marqué par le retour en force de la Russie sur la scène internationale, mais aussi par l’installation d’un climat de quasi Guerre froide sur fond de conflit syrien, d’annexion de la Crimée et d’insurrection pro-russe dans l’est de l’Ukraine. Et Moscou n’a même pas attendu que l’élection présidentielle soit passée pour annoncer samedi l’expulsion prochaine de 23 diplomates britanniques, en rétorsion aux mesures de Londres.

Symboliquement, le scrutin se tient quatre ans jour pour jour après la ratification du rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie, décidé à l’issue d’un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux. En représailles à la tenue de la présidentielle en Crimée, Kiev a décidé de bloquer le vote des électeurs russes résidant en Ukraine.

Si l’empoisonnement en Grande-Bretagne de Sergueï Skripal et sa fille a peu de chances d’influer sur le vote des Russes, habitués aux accusations occidentales contre Moscou, il risque de donner le ton du prochain mandat de Vladimir Poutine, son dernier, selon une Constitution qu’il a promis de ne pas toucher. Le président russe n’a quasiment pas fait campagne, se contentant de deux participations de deux minutes chacune lors de concerts de soutien et snobant les débats télévisés. Il s’est surtout illustré par un discours très musclé devant le Parlement pendant lequel il a longuement vanté les nouveaux missiles « invincibles » de l’armée russe développés en réaction aux projets de bouclier antimissile, sommant les Occidentaux d’« écouter » enfin la Russie.

Avec afp

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