La course à la présidence semble bel et bien serrée et marquée par plusieurs défis majeurs, avec la probabilité, pour la première fois depuis 1999, d’un deuxième tour, étant donné qu’outre deux candidats favoris, la popularité galopante d’un candidat outsider est venue bouleverser le jeu politique, et le placer comme un troisième favori.
Les électeurs d’un bureau de vote à Port Harcourt (sud-est) ont commencé à compter à haute voix en même temps que les agents électoraux dépouillaient les premiers bulletins.
Plus de 87 millions d’électeurs étaient appelés dans plus de 176.000 bureaux de vote à choisir un président parmi 18 candidats, dont une femme, ainsi que des députés et sénateurs. Après deux mandats consécutifs, Muhammadu Buhari ne se représente pas en vertu de la Constitution.
A 14H30 locales (13H30 GMT), heure officielle de fermeture des bureaux, les premiers dépouillements ont commencé à Lagos (sud-est) ou encore à Abuja (centre) où le vote s’est déroulé globalement dans le calme.
En fin d’après-midi, le scrutin se poursuivait dans plusieurs bureaux à travers le pays comme à Anambra (sud-est) ou Kano (nord), où les électeurs ont commencé à voter bien après 08H30 (heure d’ouverture officielle), principalement à cause de retards dans le déploiement du matériel ou des défaillances techniques.
C’est la première fois que des nouvelles technologies sont utilisées à l’échelle nationale. L’identification des électeurs par reconnaissance faciale et digitale devait limiter les fraudes et permettre le transfert électronique des résultats.
Des incidents isolés, avec des tentatives d’intimidation et des attaques de voyous dans quelques bureaux, notamment à Lagos, ont été rapportés par la Commission électorale nationale indépendante (INEC), qui affirme cependant que le processus électoral se poursuit.
Lors d’une conférence de presse à Abuja, le président de l’INEC, Mahmood Yakubu, a rassuré sur le fait que “tout Nigérian qui est dans la file d’attente aura la possibilité de voter peu importe le temps qu’il faudra”.
Dans la matinée, Bola Tinubu, musulman âgé de 70 ans, et candidat du parti au pouvoir, le Congrès des progressistes (APC), a voté à Lagos.
L’ex-gouverneur de la métropole de 1999 à 2007, qui est surnommé le “parrain” vu son immense influence en politique, a indiqué que “la démocratie est là pour rester” au Nigeria et qu’il est “trop confiant dans la victoire”, ajoutant que le processus de vote se déroulait “en douceur” et “bien”.
A 76 ans, Atiku Abubakar, de religion musulmane, est le candidat du principal parti d’opposition, le Parti démocratique populaire (PDP). Fort de son expérience d’ancien vice-président du Nigeria de 1999 à 2007, M. Abubakar se présente pour la sixième fois à la présidentielle.
M. Abubakar a voté dans la zone de gouvernement local de Yola, dans l’État d’Adamawa. Il a exprimé son optimisme et sa confiance qu’il sortira vainqueur de l’élection présidentielle.
Ancien gouverneur de l’Etat d’Anambra (sud-est), Peter Obi, 61 ans, est le candidat du Parti travailliste (LP). Réputé pour son intégrité et sa saine gestion, M. Obi, chrétien, se présente comme le candidat du changement et du renouveau et est très populaire auprès des jeunes et des électeurs urbains.
Après avoir voté dans son village natal, Amatutu, dans la zone de gouvernement local d’Anaocha, dans l’État d’Anambra, l’outsider a déclaré que “si cette élection est libre et crédible, alors je pense que je vais gagner”.
Ce scrutin est crucial pour le premier producteur de pétrole et la plus grande économie du continent africain dont la population s’élève à 216 millions d’habitants. Le prochain président devra faire face à plusieurs défis dont la la lutte contre le terrorisme et l’insécurité, une crise économique aggravée au cours des derniers mois, des pénuries d’essence et de nouveaux billets de banque et un taux d’inflation à deux chiffres.
Pour remporter la présidentielle, un candidat doit obtenir le plus grand nombre de voix au niveau national et plus d’un quart des bulletins de vote dans au moins deux tiers des États du Nigeria, qui sont au nombre de 36.
Si aucun des candidats n’y parvient, il y aura un deuxième tour dans un délai de 21 jours entre les deux premiers candidats.
La participation, faible lors des scrutins précédents (33% en 2019) était toujours inconnue en fin d’après-midi.
Les résultats doivent être annoncés dans les 14 jours, mais l’INEC a promis de les rendre public le plus rapidement possible.