Les instants où des pertes de mémoire ont été mis en cause abondent des deux côtés.
Donald J. Trump, 77 ans, a félicité le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, pour son leadership en Turquie, et a confondu la candidate républicaine et ancienne ambassadrice auprès de l’ONU Nikki Haley et Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre des représentants.
Le président Biden, 81 ans, a, pour sa part, cité d’anciens dirigeants européens décédés lorsqu’il a évoqué ses rencontres avec ses pairs contemporains de même qu’il a confondu l’Égypte avec le Mexique.
Ces « gaffes », selon media et observateurs, pourraient avoir soulevé des préoccupations concernant l’âge et l’acuité mentale des deux hommes politiques.
Mais un rapport récemment publié par le procureur spécial chargé d’enquêter sur la gestion par Joe Biden de documents classifiés lui a été particulièrement néfaste. Ses conclusions ont accentué les inquiétudes des démocrates concernant leurs chances au scrutin de novembre prochain et suscité l’ire de la Maison Blanche.
L’âge a longtemps été considéré comme le plus grand handicap politique de Biden. Le rapport du conseiller spécial Robert Hur l’a replacé au premier plan, même s’il n’a donné lieu à une quelconque accusation contre le dirigeant démocrate pour sa gestion de documents classifiés.
Ce rapport décrit en effet le 46ème président américain comme un homme âgé ayant des problèmes de mémoire, mais ne recommande pas de l’inculper.
Dans ce sillage, plusieurs démocrates ont reconnu que le rapport pourrait potentiellement affecter les chances de réélection de Biden lors de la bataille fort probable contre l’ancien président Trump.
Il y a une semaine, l’actuel locataire de la Maison Blanche a confondu le président français Emmanuel Macron avec François Mitterrand, président de la France de 1981 à 1995 et qui est décédé en 1996. Mercredi dernier, il a également confondu l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel avec Helmut Kohl, qui avait servi dans ce poste de 1982 à 1988 et est décédé en 2017.
Lors d’une conférence de presse convoquée pourtant pour s’en prendre au rapport de Hur et rejeter les inquiétudes concernant sa mémoire et son âge, Biden a qualifié par erreur, en réponse à une question sur le conflit à Gaza, le chef d’Etat égyptien Abdel Fattah El-Sisi de « président du Mexique ». A la suite du rapport de Hur, la Maison Blanche et le camp démocrate ont durci le ton.
« Je suis bien intentionné, je suis un homme âgé et je sais ce que je fais, bon sang. Je n’ai pas de problèmes de mémoire », a réagi Biden qui n’a pu contenir sa colère lors d’une conférence de presse.
La vice-présidente Kamala Harris a qualifié, de son côté, le rapport de Hur de « politiquement motivé » et « inapproprié ».
« La façon dont le comportement du président a été caractérisé dans ce rapport ne pourrait pas être plus fausse sur les faits et clairement motivée par des considérations politiques », a déclaré Harris.
A son tour, le sénateur démocrate John Fetterman a affirmé que le rapport de Hur était une « diffamation » truffée de « coups bas ».
Un porte-parole de la Maison Blanche, Ian Sams, a fustigé les passages « gratuits » du rapport et a déclaré que les commentaires sur l’âge du président allaient « au-delà des compétences d’un procureur ».
Hur, un procureur républicain nommé pour cette mission par le ministre de la Justice Merrick Garland, a écrit que Biden s’est présenté aux enquêteurs comme « un homme âgé, sympathique et bien intentionné, avec une mauvaise mémoire ».
Dans un autre passage, il indique que l’actuel président a eu du mal à se souvenir des années où il a été vice-président et de l’année de la mort de son fils.
Les républicains n’ont pas tardé à exploiter politiquement le rapport, arguant qu’un président souffrant d’une mémoire aussi défaillante ne devrait pas se voir accorder quatre ans de plus à la Maison Blanche.
Du côté des démocrates, le constat dressé par le procureur spécial offre plutôt une opportunité pour passer à l’offensive et réagir davantage de manière proactive aux inquiétudes concernant l’âge de Biden et sa capacité à faire face aux exigences de la présidence.