Présidentielle 2017 : les candidats qui disent tout et ceux qui restent flous
À 4 mois du premier tour, certains candidats ont déjà présenté leur programme, quitte à s’exposer. D’autres restent volontairement évasifs.
Mardi, ce sont Manuel Valls et Vincent Peillon, deux compétiteurs de la primaire initiée par le PS, qui dévoilent leurs cartes, avec des stratégies parallèles : le premier « présente les grandes orientations de son projet ». Le second a déjà prévenu : plutôt qu’un « programme », ce seront des « propositions » pour « illustrer des priorités » afin de donner du « sens » et de la « cohérence d’ensemble ». Leurs principaux rivaux, Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg, déclarés plus tôt, ont eu plus de temps pour aiguiser leurs lames programmatiques.
Emmanuel Macron, l’ancien ministre de l’Économie, candidat à la présidentielle hors de la primaire PS, a, lui, régulièrement été égratigné sur la vacuité ou le flou supposés de ses propositions. S’il a commencé à en égrener quelques-unes, il prévient dans son livre Révolution (éditions XO, 270 pages) que celui-ci contient, plutôt que « ces mille propositions qui font ressembler notre vie politique à un catalogue d’espoirs déçus », « une vision, un récit, une volonté ». Candidate du Front national, promise par les sondages à un second tour face à François Fillon, Marine Le Pen partage cet avis : « Je veux croire que le peuple français, peuple politique, se positionne en fonction de grands choix », expliquait-elle à l’automne à des journalistes, elle qui raillait lors de sa rentrée politique en Haute-Marne « le choc d’ambitions personnelles alimenté à coup de petites solutions proposées dans une sorte de foire aux rustines ».
« Notre objectif, ce n’est pas le catalogue programmatique, c’est le pouvoir, pour changer les choses. Les gens savent ce que veut Marine Le Pen », décrypte son directeur de campagne David Rachline. Le FN présentera son programme début février. Elle a été « maligne », note l’un de ses soutiens, attendant que ses adversaires dévoilent leurs cartes avant d’abattre les siennes, lui permettant, selon certains frontistes, de donner une tonalité différente maintenant que son principal adversaire à droite, François Fillon, est identifié.
« Tout dire avant pour tout faire après »
Car celui-ci a fait un choix tout autre. Dans son discours fondateur de Sablé-sur-Sarthe, fin août, le futur vainqueur de la primaire de la droite vantait son « projet », « capable de répondre au défi du redressement national », un programme « qu’on dit le meilleur ». En substance, il partage cette idée avec Nicolas Sarkozy : « Tout dire avant pour tout faire après. » Une allusion critique au péché originel qu’aurait selon eux commis François Hollande, celui d’avoir entretenu le « flou » lors de sa campagne 2012 sur certaines de ses intentions, s’attirant une fois à l’Élysée de multiples contestations.
Mais ce dont le champion surprise de la droite avait voulu faire une force, prétendre dire aux Français « la vérité sans fard, et sans arrières-pensées » semble se retourner contre lui. Depuis fin novembre, son programme est pilonné, accusé qu’il est de vouloir notamment « privatiser » la Sécurité sociale. Résultat, une tardive clarification présentant toutes les apparences du rétropédalage en bonne et due forme. Bruno Le Maire, avec plus de 1 000 pages de « contrat présidentiel » dévoilées en septembre et au final 2,4 % des voix au premier tour de la primaire de la droite, n’a, lui, pas convaincu. Un autre candidat a pourtant lui aussi dévoilé un programme très détaillé, Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise, dans son livre L’Avenir en commun (éditions Seuil, 128 pages). Sans pour l’instant subir d’attaques frontales de ses adversaires.
(SOURCE AFP)