Des milliers de Turcs ont de nouveau occupé vendredi soir la place Taksim, épicentre du mouvement dans le centre d’Istanbul,et un parc d’Ankara, la capitale.
La grogne des opposants, déclenchée par un projet de réaménagement du parc Gezi à Istanbul, s’est transformée en un mouvement de contestation plus général de la politique d’Erdogan, accusé de dérive autoritaire et d’islamisation rampante de la société.
Les affrontements entre policiers et manifestants survenus dans les premiers jours ont fait trois morts et quelque 4.000 blessés à Istanbul, Ankara et une dizaine de grandes villes.
Accusée d’usage excessif de la forces, la police se tient à distance depuis le début de la semaine et Erdogan, qui a appelé à ce que les manifestations cessent "sur-le-champ" en revenant ‘une tournée au Maghreb, n’a guère donné d’indication sur son degré de patience.
"Qu’ils attaquent, on ne pourra pas nous arrêter", a lancé à la foule un militant du Parti communiste turc juché sur une camionnette blanche place Taksim. "L’AKP doit partir", a-t-il dit par référence au parti de la Justice et du Développement, au pouvoir depuis plus de dix ans.
Les protestataires ont dressé des barricades à l’aide de pavés et de plaques de tôle ondulée pour se protéger d’un éventuel assaut policier.
S’estimant légitimé par les urnes et les trois victoires successives remportées par l’AKP aux législatives de 2002, 2007et 2011, Recep Tayyip Erdogan s’est montré inflexible face aux manifestants. Aucun rival n’émerge au sein de son parti ni dans les rangs d’une opposition fragmentée.
Le journal Radikal, citant une source proche de l’AKP, écrit que la direction du parti pourrait débattre de la possibilité d’élections anticipées lors d’une réunion prévue samedi.
L’idée de modifier les règles du parti pour permettre àErdogan de briguer un quatrième mandat de chef de gouvernement, plutôt que la présidence en 2014, pourrait également mise sur latable.