»Le 15juillet, se sont constituées parties civiles au sein des Chambres africaines extraordinaires (tribunal spécial érigé auprès de la juridiction sénégalaise) 1015 victimes directes et indirectes. Cinq victimes présentes ici ont déjà donné leurs dépositions aux juges d’instruction du tribunal spécial », a déclaré dans une conférence de presse Me Jacqueline Moudeina, membre du collectif des avocats des victimes.
Et d’ajouter que les victimes du régime de Habré »s’attendent à ce que leurs droits soient respectés et que justice leur soit rendue ».
»Nous nous battrons aussi pour que les droits de Hissène Habré soient respectés et que cette procédure soit équitable et exemplaire. Nous ne courrons pas après la vengeance », a-t-elle assuré.
En janvier 2000, la première plainte contre Habré a été déposée par des victimes tchadiennes à Dakar, où l’ancien président tchadien vivait en exil depuis la chute de son régime en 1990.
L’ancien président tchadien fut rapidement inculpé pour actes de torture et crimes contre l’humanité, et placé en résidence surveillée.
Mais juste après l’élection d’Abdoulaye Wade à la présidence de la république en 2000, la justice sénégalaise fait marche arrière. Elle se déclare à plusieurs reprises incompétente, puisque les crimes n’ont pas été commis au Sénégal. Les victimes déposent alors de nouvelles plaintes au Tchad et en Belgique.
C’est en 2012 que la procédure se débloque. Quelques mois après l’élection du nouveau président sénégalais Macky Sall, Dakar et l’UA créent officiellement les chambres africaines extraordinaires.
Ce sont ces mêmes chambres qui ont inculpé Hissène Habré le 2 juillet. Ce dernier est placé depuis juin dernier sous mandat de dépôt.
L’ancien président tchadien, qui vit en exil à Dakar depuis la chute de son régime (1982-1990), est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. Selon des ONG, 40.000 personnes auraient été tuées durant les huit ans de son régime.