La directrice éditoriale de Inkyfada, Monia Ben Hamadi, a confirmé que le site avait été désactivé "le temps notamment de supprimer l’article altéré par les pirates". "L’attaque a été orchestrée de plusieurs endroits. Pour le moment, nous avons identifié les postes, mais pas les personnes" à l’origine du piratage.
Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé "vigoureusement cette cyber-attaque qui démontre combien le journalisme d’investigation fait encore en peur en Tunisie. Le pays a pourtant plus que jamais besoin de ces publications courageuses qui renforcent le droit et la liberté d’information et donnent l’exemple dans la région", a déclaré la responsable de RSF pour l’Afrique du Nord, Yasmine Kacha.
"Inkyfada" avait commencé à publier lundi soir des informations sur l’implication de Tunisiens dans l’affaire des "Panama papers". Sur la base du premier article, une seconde personnalité tunisienne a été mentionnée mardi, mais "le seul nom révélé pour l’instant est celui de Mohsen Marzouk", a insisté le webzine. Ex-responsable de la première force politique du pays, Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk vient de lancer son propre parti.
Selon Inkyfada, il est cité dans des documents du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca à la suite d’une demande de renseignements -manifestement restée sans suite- pour la création d’une société offshore. Dans une déclaration à la radio privée Mosaïque FM, Mohsen Marzouk a "nié en bloc", dénonçant "une histoire inventée de toute pièce".
Le ministre de la Justice, Omar Mansour, a de son côté indiqué qu’il avait autorisé le procureur général près la cour d’appel de Tunis à suivre le dossier des "Panama papers" et à "mener des enquêtes si nécessaire".
Selon les "Panama Papers", plus de 500 banques ont aidé leurs clients à gérer des sociétés offshore. Les sociétés offshore ne sont pas illégales mais dans les affaires de corruption, elles ont pu servir à dissimuler à l’étranger des gains mal acquis. Elles sont également utilisés pour l’évasion fiscale.