Norvège : le dénouement approche pour les 1.373 occupants du paquebot en difficulté
Le navire de croisière Viking Sky, victime samedi d’une panne moteur dans des eaux périlleuses au large de la Norvège, a été pris en remorque dimanche pour être acheminé vers un port de refuge, interrompant la spectaculaire évacuation par hélicoptère de ses 1.373 occupants.
Le Viking Sky avait lancé un appel de détresse samedi en début d’après-midi après avoir connu une avarie moteur. Dans des conditions météorologiques difficiles, il dérivait alors vers des eaux côtières jalonnées de récifs au large de la région de Møre og Romsdal (ouest de la Norvège).
Après avoir pu redémarrer un de ses moteurs, il avait réussi à se stabiliser en jetant l’ancre à environ deux kilomètres du littoral, et les autorités avaient lancé une vaste opération d’évacuation grâce à une noria de cinq hélicoptères.
Des images impressionnantes prises depuis l’intérieur du Viking Sky montraient le navire rouler très fortement: mobilier et plantes glissaient librement d’un côté à l’autre tandis que des éléments du plafond s’abattaient sur des passagers qui s’efforçaient néanmoins de garder leur calme.
Sur d’autres vidéos filmées ultérieurement, on voit des dizaines de passagers, là aussi flegmatiques, attendant leur évacuation, un gilet de sauvetage fluorescent sur le dos. "Là, c’est mon père de 83 ans qui est hélitreuillé du #vikingsky", témoigne Ryan Flynn, l’auteur d’images où l’on voit une silhouette être hissée à bord d’un hélicoptère de sauvetage.
Après avoir réussi à redémarrer trois de ses quatre moteurs, le paquebot s’est éloigné des côtes dimanche matin et a été pris en charge par deux remorqueurs, l’un devant l’autre derrière, pour être acheminé vers le port de Molde, à environ 80 kilomètres de là.
"Il y a une pause actuellement dans les évacuations", a déclaré à l’AFP un porte-parole du Centre de secours pour le sud de la Norvège.
"Le capitaine a demandé à ce qu’on n’évacue pas pendant que le bateau pivote. Une fois que ce sera fait, ce sera le capitaine qui évaluera la situation" sur une possible reprise des évacuations, a-t-il ajouté.
Les opérations sont rendues compliquées par une météo toujours difficile et l’âge avancé d’un bon nombre de passagers qui, selon la police, sont de nationalité britannique ou américaine pour la plupart.
Selon les secours, le Viking Sky devait encore parcourir environ 60 kilomètres avant de retrouver des eaux plus tranquilles.
– ‘C’est la fin’ –
Les personnes évacuées ont été prises en charge dans un centre d’accueil.
"Le meilleur mot, j’imagine, c’est surréaliste", a confié un des passagers évacués, Rodney Horgen, pour décrire ce qu’il a vécu sur le bateau.
Evoquant un épisode qui lui a rappelé l’accident du Titanic, il a décrit comment un mur d’eau "de six-sept pieds" (environ deux mètres) s’était engouffré à l’intérieur du bateau après avoir brisé une paroi en verre.
"Ca a emporté tables, chaises et verres cassés, et 20 à 30 personnes ont juste été balayées devant moi", a-t-il témoigné au micro de la télévision NRK.
"J’étais debout, ma femme assise devant moi et, tout à coup, elle n’était plus là. J’ai pensé que c’était la fin", a ajouté le barbu, visiblement encore bouleversé.
Parmi les personnes hospitalisées, au moins trois d’entre elles, une nonagénaire et deux septuagénaires, souffrent de fractures graves.
Exploité par l’opérateur norvégien Viking Ocean Cruises, le Viking Sky est un navire moderne, lancé en 2017, qui peut embarquer 930 passagers. En provenance de Tromsø (nord), il devait regagner Stavanger (sud-ouest) lorsqu’il a subi l’avarie.
La navigation est notoirement difficile sur ce tronçon maritime, connu sous le nom de Hustadvika, au point que les autorités norvégiennes envisagent la construction d’un tunnel pour bateaux dans une montagne du littoral pour éviter les transits en pleine mer.
Le projet, destiné à des navires de plus petite taille, est pour l’instant au point mort, faute de financement.
Déjà à leur époque, les Vikings, pourtant navigateurs émérites, hésitaient à emprunter ces eaux et préféraient hisser et transporter d’un fjord à l’autre leurs embarcations par la voie terrestre.
Samedi, les secours ont d’ailleurs dû venir en aide à un autre navire, également victime d’une panne moteur dans la même zone.
Les neuf membres d’équipage du Hagland Captain ont dû se jeter à l’eau en combinaison de survie pour faciliter leur hélitreuillage alors que leur bateau accusait une gîte prononcée.