Blessé dans son amour propre de ce qu’il considérait comme un rejet des français à sa personne et ses idées, le slogan du « Tout sauf Sarkozy » fut un cri de ralliement mobilisateur qui avait participer à paver le chemin de François Hollande vers l’Elysée. Un quinquennat plus tard, voulant prendre sa revanche, Nicolas Sarkozy buta sur le rejet de ses propres amis. La magie qui l’avait porté aux cimes n’opérant plus. Sarkozy jette l’éponge et annonçant quitter définitivement la vie politique. Il rejoignait le groupe hôtelier Accord et le cercle très rétreints d’anciennes personnalités aux conférences bien rémunérées. Nicolas Sarkozy disparut des radars. Son nom ne revenait dans l’actualité que comme conseiller occulte, loin des lumières, des nouveaux chefs de la droite qui se cherche un leader et qui finira par le trouver plus tard dans la personne de Laurent Wauquiez, parrainé à la base par un certain Nicolas Sarkozy.
Mais ceux qui l’avaient enterré vite doivent se mordre les doigts. Tout indique que Nicolas Sarkozy ne s’est jamais départi du virus de la politique. L’homme est déjà connu par ses départs fracassants et ses retours subits, pour ses arides traversées du désert et pour ses come back gagnants. Aujourd’hui, il est présent sur la scène politique d’une manière qui suggère sinon là préparation d’un retour du moins la volonté de continuer à peser et à configurer le destin de la droite. Nicolas Sarkozy s’est récemment fait remarquer par des interventions médiatiques atypiques. Sur des chaînes de sport pour parler de sa passion du football, sur une chaîne parlementaire pour évoquer son amour des livres.
Sur le plan politique, il sème quelques grains à forte valeur symbolique. Il rencontre Gerard Larcher, président du Sénat pour lui distiller des conseils sur la stratégie à adopter pour contrer la réforme institutionnelle que compte lancer Emmanuel Macron. Ses conseils furent si pertinents qu’ils arrachèrent l’admiration des plus déterminés détracteurs. Il rencontre l’actuel chef des républicains pour confirmer cette impression qu’il influence ses choix et ses décisions. Entre les deux hommes, la relation s’est brusquement détériorée lorsque Laurent Wauquiez a révélé aux et-étudiants d’une école de commerce à Lyon que, Nicolas Sarkozy, président, espionnait les téléphones de ses ministres. Cela avait donné lieu à un mini drame qui s’est soldé par des plates excuses télévisuelles de Laurent Wauquiez et un retour en lumières de Nicolas Sarkozy. Ce dernier s’est fait un malin plaisir à rencontrer les adversaires de toujours Laurent Wauquiez, à savoir Valerie Pécresse qui le défie au sein des républicains et Gérald Darmanin, son conçurent de toujours qui avait rejoint l’équipe Macron au poste de ministre de l’action et des comptes publiques à qui il lui a dit cette phrase qui laissera des traces « Gérald tu es un grand politique ».
Nicolas Sarkozy est présent dans la scène politique française à travers deux situations particulières. La première se trouve dans les choix politiques et sécuritaires d’Emmanuel Macron. Qu’il s’agisse d’économie ou d’immigration. Les commentateurs de l’action et de l’approche de l’actuel locataire de l’Elysée se pâment ou d’admiration ou de dépit et lance « Même Sarkozy n’a pas osé aller si loin ». D’ailleurs entre les deux hommes, Macron et Sarkozy, une certaine alchimie est à l’œuvre. Il arrive qu’ils se rencontrent et qu’il déjeune en famille en présence de Carla Bruni et de Brigitte Macron. A tel point qu’une étrange impression s’installe et provoque à gauche un malaise et à droite une heureuse surprise: l’impression que le véritable mentor de Macron n’à jamais été François Hollande avec qui il s’ingénue à couper tout cordon ombilical mais bien Nicolas Sarkozy avec qui il cultive un mimétisme involontaire, du moins dans ses postures devant l’œil des caméras.
Nicolas Sarkozy est présent aussi à droite. La grande idée clef de voûte de la stratégie de reconquête de Laurent Wauquiez est basé sur une des es grandes performances. Capter les idées du Front National pour tenter de séduire son électorat sans jamais avoir à élaborer des alliances avec ses dirigeants. Et là le mimétisme touche à la caricature. Dans les mots, dans les gestes, jusqu’à dans les respirations artificielles des phrases politiques, Laurent Wauquiez singe sans grand talent Nicolas Sarkozy. Et plus il excelle dans cet exercice plus il suscite une vague de nostalgie à l’égard de cet homme aux postures souvent imitées mais jamais égalées.
L’autre vie de Nicolas Sarkozy est dans ses participations dans les grandes shows internationaux. Récemment aux Émirats arabe unies, il a créé une grande sensation avec ce genre de phrases: « Quels sont les grands leaders du monde aujourd’hui ? Le président Xi, le président Poutine – on peut être d’accord ou pas, mais c’est un leader –, le grand prince Mohammed Ben Salman (d’Arabie saoudite). Et que seraient aujourd’hui les Emirats sans le leadership de MBZ (Mohammed Ben Zayed) ? » et d’ajouter « Les démocraties sont devenues un champ de bataille, où chaque heure est utilisée par tout le monde, réseaux sociaux et autres, pour détruire celui qui est en place. C’est ce qui fait que, aujourd’hui, les grands leaders du monde sont issus de pays qui ne sont pas de grandes démocraties. »
Au Forum Crans Montana de Dakhla, Nicolas Sarkozy livra quelques vérités qui feront réfléchir comme son constat sur l’expérience marocaine: « Ce que le Maroc est en train de réaliser est assez unique, si en regarde les 15 dernières années où le monde arabo-musulman n’a pas été épargné et où la Méditerranée qui a été ravagée, quels sont les pays qui peuvent se targuer lors de ces 15 dernières années d’avoir gardé la stabilité, l’ouverture, le progrès et la modernité avec des difficultés, des crises, des épreuves et des échecs, qui peut prétendre égaler ce que fut ces dernières année la stabilité marocaine ? ».