Le développement de vendredi prend donc les contours d’une villa à Porto Cervo, marina de carte postale, dont la valeur est estimée à sept millions d’euros. Cette résidence "constitue le +moyen de corruption+ utilisé par Nasser Al-Khelaïfi (…) à l’encontre (de Jérôme Valcke) pour acquérir les droits télévisés relatifs" à plusieurs Coupes du monde, selon un communiqué de la police italienne.
Une grave accusation que les deux principaux protagonistes ont rejeté vendredi. "Les droits télé en cause ne concernent que la zone Moyen-Orient/Maghreb, or dans ces pays là, beIN Media n’a aucune concurrence. Pourquoi Nasser Al-Khelaïfi aurait voulu corrompre certains protagonistes alors qu’il n’avait pas de concurrent?", a expliqué l’entourage du dirigeant qatari à l’AFP.
Sollicité, l’avocat de Nasser Al-Khelaïfi, Me Francis Szpiner, n’a lui pas souhaité réagir.
De son côté, l’avocat de Valcke a assuré auprès de l’AFP que l’ex-N2 de la Fifa "a payé la location de la villa sarde".
De quoi s’agit-il ?
Selon la police italienne, la "Villa Bianca" appartient à une société immobilière établie à l’international, mais était en fait mise à la disposition de Valcke. L’opération policière de vendredi a par ailleurs été menée en présence d’un "représentant du ministère public de la Confédération helvétique".
La Suisse, de facto, est concernée, car cet épisode n’est que le prolongement spectaculaire de l’affaire qui a éclaté jeudi quand la justice suisse a révélé l’ouverture d’une enquête pour "corruption privée" présumée dans l’attribution des droits médias de plusieurs Coupes du monde, visant Al-Khelaïfi, boss de beIN Media, corrupteur présumé, et Valcke, corrompu présumé.
Le ministère public de la Confédération (MPC) a en réalité lancé sa procédure en toute discrétion le 20 mars 2017, pour "soupçon de corruption privée, d’escroquerie, de gestion déloyale et de faux dans les titres". Dès jeudi, le MPC évoquait une opération "coordonnée", menée simultanément en France, en Grèce, en Espagne et en Italie.
La police italienne précise encore que plusieurs personnes, "liées à divers titres à la société propriétaire de la villa" ont été interrogées. Des documents et du matériel informatique ont également été saisis.
Jeudi, les bureaux parisiens de la chaîne de télévision qatarie beIN Sports avaient été perquisitionnés, avait annoncé le parquet national financier (PNF) français.
Le groupe beIN Media avait réfuté "toutes les accusations portées" par la justice dès jeudi soir, ajoutant qu’il collaborerait "pleinement avec les autorités et attend sereinement les suites de l’enquête".
Valcke, 57 ans, mis en examen, avait quitté libre jeudi soir les bureaux du MPC à Berne. Il déclare dans le quotidien français L’Equipe de vendredi n’avoir "rien reçu de Nasser": "il n’y a jamais eu d’échange entre Nasser et moi. Jamais".
L’épouse de Valcke, qui l’accompagnait en Suisse, "a également été entendue par les enquêteurs mais à Lausanne", avait-on appris d’une autre source judiciaire. Le couple Valcke devait ensuite rejoindre Barcelone dès jeudi soir où il est désormais domicilié, selon les conseils du couple.
Une troisième personne, active "dans le domaine des droits sportifs", est également visée mais le MPC n’a pas communiqué son identité. Selon Le Parisien il s’agit de l’homme d’affaires grec Konstantinos Nteris. La police grecque évoque juste des perquisitions jeudi, sans donner de nom.
Les ennuis s’accumulent pour Al-Khelaïfi, puisque le PSG, qu’il préside depuis le rachat du club par un fond souverain du Qatar en 2011, fait l’objet d’une enquête de l’UEFA. Le club est soupçonné d’avoir enfreint les règles du fair-play financier – ne pas dépenser plus qu’on ne gagne même en présence d’un actionnaire/mécène richissime – avec les acquisitions de Neymar (222 M EUR) et Mbappé (180 M EUR).
Al-Khelaïfi est actuellement à Doha selon les médias français.