"Les motivations de l’auteur sont encore inconnues", a indiqué dimanche soir, dans un communiqué, la procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard, qui avait avancé dès samedi soir qu’à première vue, il souffrirait "de problèmes psychiatriques".
"Le parquet national antiterroriste a été avisé, ainsi que les services spécialisés. Pour le moment, le parquet de Colmar reste saisi des faits", a-t-elle ajouté.
Pas encore entendu par la police ni examiné par un psychiatre du fait de son état de santé, le suspect devrait être hospitalisé plusieurs jours encore, selon le parquet.
L’homme, habitant Colmar, est né à Grenoble en 1980 et n’a pas d’antécédent pénal, hormis des infractions routières commises il y a de nombreuses années.
Son domicile a été perquisitionné mais "pour le moment, aucun élément susceptible d’intéresser l’enquête n’y a été découvert", a poursuivi la procureure. Ses proches sont également auditionnés.
Samedi, vers 19H10, le conducteur, seul à bord d’une Citroën C4 a d’abord détruit des plots en bois situés devant l’enceinte de la Grande Mosquée de Colmar, puis enfoncé le portail avant de projeter délibérément sa voiture contre la porte d’entrée de la salle de prière — vide à ce moment là — , s’encastrant en partie dans le mur.
Personne n’a été blessé en dehors du suspect, dont les blessures ont nécessité une intervention chirurgicale.
"Il était en partie couvert de sang sur la partie supérieure de la tunique blanche qu’il portait" et "un couteau ensanglanté a été trouvé sur les lieux de l’interpellation" sans que les circonstances de ses blessures ne soient "encore clairement déterminées", explique le parquet de Colmar. "Plusieurs témoins", rapporte-t-il encore, l’ont entendu répéter "Allah akbar".
Une enquête pour dégradations volontaires, violences aggravées et tentative de meurtre a été confiée à la Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) de Strasbourg.
"A un quart d’heure près"
Dimanche à la mi-journée, des policiers surveillaient l’accès au lieu de culte, a constaté un photographe de l’AFP.
Peu après 13H00, des fidèles sont arrivés pour prier dans une salle annexe de la mosquée. La prière de l’aube avait été annulée.
"C’était vraiment effrayant", a raconté à France 3 Alsace l’imam de la mosquée Imad El-Akramine, qui a assisté à la scène.
"Heureusement que ce n’était pas au moment de l’accomplissement de la prière, sinon il y aurait eu certainement des morts", a-t-il ajouté, supposant que l’homme est "un déséquilibré".
"On a eu beaucoup de chance, à un quart d’heure près, cela aurait pu être un carnage", car une soixantaine de personnes devaient arriver pour la prière, a expliqué à l’AFP Naji-Saïd Darir, ancien président de la Grande Mosquée de Colmar.
"Les gens sont choqués, car on n’a jamais vu cela à Colmar, et un peu inquiets, mais on essaie de les rassurer", a-t-il confié.
A la présidence de la mosquée jusqu’à ces derniers mois, M. Darir est arrivé sur les lieux quelques minutes après l’attaque.
"Quand je suis arrivé, j’ai trouvé la police qui avait maîtrisé l’individu dans la salle de prière. Il était par terre en criant Allah akbar", a-t-il raconté, assurant n’avoir jamais vu cet homme en six années de présidence.
L’acte, estime-t-il, ne visait vraisemblablement pas la communauté musulmane puisque son auteur "lui-même est musulman. Cela n’aurait pas de sens".
Le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, Abdallah Zekri a lui "condamné avec force l’attaque contre la mosquée" de Colmar. "De tels actes sont l’expression de haine et d’intolérance à l’égard de Français de confession musulmane ou de leurs lieux de culte", a-t-il dénoncé, affirmant qu’au premier semestre 2019, les "actes antimusulmans" avaient augmenté de 45,5 % après avoir légèrement baissé en 2018.