Morales réélu en Bolivie: la contestation gagne la capitale

Huit jours après la réélection controversée d’Evo Morales, l’opposition bolivienne a intensifié la contestation, le mouvement de colère touchant depuis lundi la capitale, avec de nombreux blocages et des affrontements avec les forces de l’ordre ou entre civils.

Les détracteurs du chef de l’Etat socialiste, au pouvoir depuis 2006 et réélu dès le premier tour pour un quatrième mandat, ont répondu à l’appel lancé par l’opposition: lundi matin, les accès à La Paz étaient très compliqués, avec des quartiers entiers bloqués.

Dans le sud de la capitale, à Achumani, des riverains avaient coupé la circulation sur l’une des artères principales, avec des barricades faites de palettes et de cordes, entraînant des échauffourées entre chauffeurs de bus des transports publics et manifestants de l’opposition, selon des médias boliviens.

Dans les deux camps, de nombreux manifestants portant des casques et armés de bâtons lançaient des pierres, selon les images des télévisions. La police répliquait par des jets de gaz lacrymogènes.

D’autres quartiers de la capitale, siège des institutions, avenues et autres rues étaient bloqués par des palettes, parfois des gravats ou des meubles. Seul le centre de la ville restait épargné par ces perturbations.

Le maire de La Paz, l’opposant Luis Revilla, qui dénonce une "fraude électorale", a affirmé lundi devant la presse qu’il "s’agit d’un blocage pacifique" et a assuré que "ce sont eux (les partisans d’Evo Morales) qui entraînent la confrontation ou la violence, en installant des groupes venus pour en découdre en divers endroits du pays".

Jusqu’à présent, les manifestations s’étaient concentrées à Santa Cruz, la capitale économique et bastion de l’opposition, Potosi (sud-ouest) ou encore Sucre (sud-est).

Dimanche soir, lors d’un discours à La Paz, Carlos Mesa, rival libéral d’Evo Morales pendant la campagne électorale et ancien président de la Bolivie entre 2003 et 2005, avait exhorté ses partisans à envahir les rues de la capitale.

"Le peuple de La Paz doit relever demain à partir de 5h du matin un défi historique: celui de répondre à la convocation de l’Histoire (…) Demain, nous allons commencer une grève qui va montrer à Evo Morales la force de La Paz et la force de la Bolivie", avait-il déclaré.

– "Coup d’Etat" –

"C’est cette semaine que se joue l’avenir de la démocratie", avait annoncé dimanche Waldo Albarracin, à la tête du collectif de l’opposition regroupant partis politiques de droite, du centre et société civile "Coordination de défense de la démocratie".

Ce groupe, dont fait partie Carlos Mesa, "exige" l’annulation de l’élection et réclame la mise en place d’un nouveau tribunal électoral, "impartial, cette fois-ci".

Mais le président a lui aussi mobilisé ses troupes, affirmant que "plusieurs acteurs sociaux se préparent à mener un coup d’Etat".

Devant les menaces de contagion à La Paz, capitale politique du pays où siègent les institutions et le gouvernement, son ministre de l’Intérieur Carlos Romero avait affirmé lui aussi que l’opposition appelait "à l’affrontement (…) à s’emparer des institutions publiques, afin d’en déloger le gouvernement. C’est un appel au coup d’Etat".

C’est d’ailleurs à La Paz qu’Evo Morales avait prévu de célébrer lundi sa victoire, mais le lieu a changé pour la ville voisine de El Alto.

Des accrochages entre les deux camps avaient lieu à Cochabamba, dans le centre du pays, avec jets de pierre et coups de bâtons, rapportaient des médias boliviens.

A Santa Cruz et Potosi, la grève paralysait entièrement les activités, et dans les supermarchés pris d’assaut les rayons étaient de plus en plus vides.

Evo Morales, 60 ans, a été réélu le 20 octobre avec plus de dix points d’avance sur Carlos Mesa, 66 ans, lui permettant de s’imposer au premier tour lors d’un scrutin controversé qui a suscité la colère de l’opposition et des doutes de la communauté internationale.

Evo Morales a balayé dimanche l’éventualité d’un second tour en excluant toute "négociation politique".

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