Mohammed VI critique sévèrement les dysfonctionnements de l’administration dans son ensemble
Dans son discours de la rentrée parlementaire, le roi Mohammed VI a sonné la charge contre les dysfonctionnements constatés à tous les paliers de l’administration, des conseils élus et des collectivités territoriales, qui empêchent le modèle de développement marocain d’avancer et de s’enraciner.
"Nous ne critiquons pas pour le plaisir de critiquer, tout en laissant les choses en l’état. Notre volonté est, plutôt, de redresser la situation, en veillant à rectifier les erreurs commises et à corriger les dysfonctionnements constatés", a martelé le souverain, tout en rappelant que dans son discours du Trône, il avait déjà identifié les difficultés et constaté les dysfonctionnements.
Le roi a souligné que le fait de prendre un temps d’arrêt pour engager une réflexion critique répond à une exigence du moment et qu’il n’est nullement une fin en soi, ni le terme du processus. « Cette pause marque plutôt l’avènement d’une étape cruciale, où il sera question d’établir une corrélation effective entre responsabilité et reddition des comptes », a averti le souverain, ajoutant qu’"il conviendra alors de rechercher activement des réponses et des solutions appropriées aux problèmes urgents et aux questions pressantes des citoyens".
Il a estimé que "dans l’état actuel des choses, une plus grande fermeté s’impose pour rompre avec le laisser-aller et les pratiques frauduleuses qui nuisent aux intérêts des citoyens".
"Les problèmes sont connus et les priorités sont claires; nous n’avons nul besoin de recourir à d’autres diagnostics vu qu’il y a, déjà, pléthore en la matière", a-t-il poursuivi.
Après avoir rappelé qu’il a à maintes reprises fait le point de la situation et pris la pleine mesure des dysfonctionnements, lesquels sont connus de tous les Marocains, le roi a ajouté que ce qu’on demande en définitive est "une mise en œuvre efficace des projets de développement programmés et mis en chantier; corrélativement, la recherche de solutions pratiques et réalisables aux vrais problèmes des citoyens et des réponses adaptées à leurs demandes raisonnables et à leurs attentes légitimes en termes de développement, d’éducation, de santé, d’emploi, etc."
"En parallèle, il importe d’assurer un suivi rigoureux et continu de l’état d’avancement des programmes sociaux et développementaux, et d’accompagner les travaux engagés en les soumettant à une évaluation régulière et intègre", a souligné le roi, qui a décidé la création d’un ministère délégué auprès de celui des Affaires étrangères, chargé des affaires africaines, et plus particulièrement de l’investissement, ainsi que la mise en place de deux cellules de suivi, l’une au ministère de l’Intérieur et l’autre au ministère des Finances.
Il a également donné ses orientations à la Cour des comptes pour qu’elle remplisse ses missions de suivi et d’évaluation des projets publics lancés dans les différentes régions du Royaume.
Pour le souverain, les Marocains ont besoin d’un développement équilibré et équitable, de la généralisation de la couverture médicale et de la facilitation de l’accès digne de tous à de bons services de santé, d’un enseignement de qualité, d’une justice équitable et efficace et d’une administration à leur service et au service de l’intérêt général.
Il a toutefois fait observer que les "dysfonctionnements qui entachent la gestion des affaires publiques ne sont pas une fatalité. Les surmonter n’est pas impossible, à condition de s’armer d’une volonté sincère et d’exploiter judicieusement les moyens disponibles".
Cette tâche est du ressort du parlement, du gouvernement et des élus, lesquels sont "comptables devant Dieu, devant le Peuple et devant le Roi de la situation dans laquelle le pays se trouve actuellement", et doivent "souscrire, avec responsabilité et sincérité, à l’effort national visant à changer cet état des choses, loin de toute considération politicienne ou partisane", a-t-il insisté.
Après avoir souligné que la patrie appartient à tous les citoyens et que l’ensemble des Marocains ont le droit de bénéficier des bienfaits du progrès et des fruits de la croissance, il a appelé le parlement, le gouvernement et les élus à être à la hauteur de la lourde responsabilité nationale qui leur incombe et à œuvrer dans l’intérêt bien compris de la Nation et des citoyens.