Marine Le Pen met un cap sécuritaire sur 2022

Marine Le Pen met le cap sur la présidentielle dimanche à Fréjus (Var), s’arrogeant le combat contre l’insécurité, thème fétiche de son parti repris par les Républicains et plusieurs ministres.

Partie très tôt, dès janvier, dans la course à l’Elysée, la présidente du Rassemblement national tiendra un discours devant un public réduit aux élus de son parti et à la presse, coronavirus oblige.

La dirigeante d’extrême droite ne manquera pas de fustiger la « démission » ou la « faiblesse » du gouvernement en matière de sécurité, sujet dont la droite et plusieurs membres du gouvernement se sont emparé après une série d’agressions violentes cet été.

Le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti a dénoncé à cet égard une « surenchère populiste », expliquant que la France n’est « pas un coupe-gorge ». Il a récusé l’emploi des termes « ensauvagement », utilisés par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ou « orange mécanique », repris par Xavier Bertrand, président ex-LR de la région Hauts-de-France, terre d’élection de Marine Le Pen.

Ces références renvoient à l’essai publié en 2013 par Laurent Obertone « La France Orange mécanique », régulièrement cité par Marine Le Pen. L’auteur y affirme que la violence augmente en France en raison notamment du laxisme des autorités et de l’immigration.

 

 Ton « mesuré »

 

Au RN, on salue une forme de victoire idéologique. « La mise en avant de nos idées –l’ensauvagement, le localisme, le souverainisme–, même par d’autres, donne beaucoup d’espoir à nos militants pour l’avenir », se félicite Laurent Jacobelli, porte-parole du parti.

La candidate à l’Elysée n’aura donc pas besoin d’en rajouter sur le plan sémantique dimanche. Elle prendra de la « hauteur » et le ton sera « mesuré », promet son conseiller spécial Philippe Olivier. « Le lien entre insécurité et immigration est évident. Mais le chaos sécuritaire ne se résume pas à +c’est la faute aux immigrés+, c’est plus subtil », avance-t-il.

La finaliste de la présidentielle de 2017 se considère plus légitime et identifiée sur la revendication d’ordre que les Républicains, raillant la promesse, en 2005 de Nicolas Sarkozy de nettoyer « la racaille » au « Kärcher ».

« Nous sommes la seule opposition à Emmanuel Macron, il suffit de lire M. Estrosi », ajoute le trésorier Wallerand de Saint Just, dans une allusion à l’appel lancé lundi par Christian Estrosi à passer un accord avec Emmanuel Macron pour 2022.

Le nom du maire LR de Nice est sur toutes les lèvres des responsables du RN, qui voient dans son appel la mort de la droite. Les Républicains sont « dans une logique de supplétifs », estime M. Olivier.

 

 Parti « squelettique »

 

La crise sanitaire et économique sera également au menu de la rentrée de Marine Le Pen. Elle avait dénoncé le « fiasco » du gouvernement en la matière dans un « livre noir » paru au coeur de l’été. Dimanche, elle fustigera une nouvelle fois la mondialisation, attaquant au passage la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui, selon M. Olivier, « a sombré dans l’indigénisme ».

Si l’actualité semble favorable au RN, le mouvement n’affiche cependant pas le même élan qu’avant la présidentielle 2017, de l’aveu de plusieurs élus.

Le parti, qui envisage de déménager plus près de Paris dans des locaux plus petits, « est devenu squelettique », avec des adhésions en baisse, et il y a un « malaise profond sur le terrain », rapporte l’un d’entre eux. Il déplore en outre « une absence de débat » après la mise à l’écart début août de plusieurs membres de la commission nationale d’investiture, proches pour beaucoup des idées de l’ancienne députée frontiste Marion Maréchal.

Pourtant « le RN c’est le rassemblement, et il faut rassembler sinon on donne l’impression d’un parti qui se rétrécit », avance un autre.

« Le problème c’est: qui joue le jeu pour 2022 » et soutient pleinement Marine Le Pen ? rétorque un député européen.

D’ici 2022 et après des élections municipales décevantes, le RN devra encore franchir les marches des sénatoriales en septembre – son unique sénateur Stéphane Ravier se représente -, puis des départementales et des régionales en mars 2021.

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