Macron de retour à Amiens auprès des salariés de Whirlpool

Accusé de favoriser les plus riches, Emmanuel Macron veut cette semaine investir le terrain social, d’abord ce mardi à Amiens où il reverra les salariés de Whirlpool et inaugurera un nouveau site d’Amazon, avant une visite mercredi en Corrèze consacrée à la formation.

Dans la Somme, où il avait eu droit à un accueil houleux dans l’entre-deux-tours de la présidentielle chez Whirlpool, le président de la République pourrait s’exprimer sur sa vision de l’avenir du modèle social. Il sera suivi pendant sa visite par le député local, François Ruffin, élu de La France insoumise, qui tiendra en marge un point presse.

Emmanuel Macron avait promis de revenir dans sa ville natale, au coeur du site du groupe d’électroménager Whirlpool, menacé de fermeture, mais qui, depuis, a trouvé un repreneur. La société WN du Picard Nicolas Decayeux a déposé une offre de reprise qui devrait créer 277 emplois sur ce site qui employait 300 personnes.

Le candidat d’En Marche ! s’y était rendu le 26 avril pour discuter avec l’intersyndicale, tandis que Marine Le Pen en profitait pour faire une visite surprise -et éclair- sur le site. M. Macron était ensuite allé au devant des ouvriers en colère pour discuter avec eux pendant une heure.

Le chef de l’Etat inaugurera ensuite un nouveau site d’Amazon, à Boves, près d’Amiens, l’occasion de saluer les créations d’emplois de ces géants du numérique qu’il veut par ailleurs taxer davantage.

Mercredi, il est attendu à Egletons (Corrèze) sur le nouveau campus de l’Ecole d’application aux métiers des travaux publics pour parler formation et apprentissage. Sa visite pourrait se déplacer sur le terrain social car la CGT de l’équipementier GM&S, en liquidation, a appelé à une mobilisation locale.

‘Aller au contact’

"Emmanuel Macron est remonté dans les sondages en septembre mais surtout à droite et beaucoup moins dans les catégories populaires", relève Jean-Daniel Levy (institut Harris Interactive). 56 % des ouvriers, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria, avaient voté Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.

"S’il progresse, c’est parce qu’il donne le sentiment de faire ce qu’il avait dit. Mais il est davantage considéré comme le +président des riches+, peu favorable à la justice sociale", souligne l’analyste. "Il a donc intérêt à prendre la parole dans ce domaine et aller au contact des citoyens, ce qui jusqu’ici lui a plutôt bien réussi. Mais il doit éviter toute condescendance".

Emmanuel Macron est assailli de critiques contre sa réforme de l’impôt sur la fortune, qu’il veut limiter au patrimoine immobilier, ce qui, après la baisse des aides au logement, lui vaut l’accusation d’un manque de justice sociale.

A gauche, Jean-Luc Mélenchon y voit une des manifestations du "coup d’Etat social" en cours selon lui et le PS parle de "budget pour les riches". "Budget du Cac40", dénonce même Martine Aubry.

"La France a besoin d’un projet social", exhorte son allié du MoDem François Bayrou, qui suggère notamment de réintégrer dans l’assiette de l’ISF des biens de luxe.

Selon Aurore Bergé, porte-parole des députés LREM, la réforme de l’ISF fera l’objet d’une discussion des députés de la majorité mardi, signe que ce sujet fait débat dans le parti présidentiel.

Les ministres en charge de l’Economie et des Comptes publics, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, ont d’ailleurs entr’ouvert la porte à une taxation des "produits ostentatoires", tels les yachts et les jets privés, proposition soutenue par le président de l’Assemblée François de Rugy, favorable également à une taxation des oeuvres d’art.

La polémique sur l’ISF succède à une série de manifestations en septembre contre la politique sociale du gouvernement et son assouplissement du code du travail, menées à l’appel de la CGT et de LFI.

Jusqu’ici très mesurée face aux ordonnances travail, FO a aussi haussé le ton: contraint par sa base, Jean-Claude Mailly, numéro un du syndicat, a annoncé lundi la tenue d’une journée de mobilisation.

Pour autant, Emmanuel Macron a réaffirmé vendredi qu’il assumait une fiscalité récompensant "la réussite" et répété lundi que "toutes les transformations" devraient être conduites, "quelles que soient les résistances", car elles sont la "condition de notre crédibilité".

afp

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