Libye : Haftar prêt à dialoguer, pression sur les acteurs du conflit à l’ONU

Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen en guerre contre le Premier ministre Fayez al-Sarraj, s’est dit ouvert au "dialogue" jeudi au moment où les soutiens régionaux des deux hommes étaient réunis à huis clos à l’ONU.

"En fin de compte, il faut dialoguer et s’asseoir" autour d’une table de négociations, a concédé le maréchal dans un communiqué.

Quelques heures plus tard, la France et l’Italie réunissaient les principaux acteurs régionaux du conflit, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, pour tenter d’unifier la communauté internationale et valider les principes d’une sortie de crise.

Les soutiens du Premier ministre, Turquie d’un côté (mais pas le Qatar), et du maréchal, Emirats arabes unis et Egypte de l’autre, ont pris place autour d’une même table, petite performance diplomatique au vu de l’animosité entre certains de ces pays.

Il s’agissait d’organiser "une forme de pression politique sur les principaux acteurs qui soutiennent chacune des factions (libyennes) pour qu’elles arrivent à la conclusion qu’il faut arrêter le jeu de la compétition militaire et d’une forme de guerre" par procuration, a souligné un diplomate européen sous couvert d’anonymat.

"Dérive dramatique"

De ce point de vue, la déclaration de Khalifa Haftar a été perçue comme un signal positif alors que son entourage prônait début septembre la "solution militaire", la seule à même selon lui de résoudre le conflit.

Le maréchal a lancé le 4 avril avec son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) une offensive contre la capitale, siège du Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, afin de la purger des "groupes terroristes".

Les violences ont fait plus de 1.000 morts selon l’ONU et les combats se sont enlisés au sud de Tripoli sans qu’aucune partie ne semble pouvoir l’emporter sur l’autre.

Le chef de l’ANL a martelé que le dialogue ne serait "pas possible tant que les groupes terroristes et les milices criminelles contrôlent (…) Tripoli", en référence aux forces loyales au GNA, un gouvernement reconnu par l’ONU.

Mais il a dit espérer que la réunion de l’ONU aboutisse à "des propositions" qui aident à "rétablir la sécurité et la stabilité" en Libye.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, souvent critiqué pour son soutien au maréchal avant l’offensive sur Tripoli, n’a lui-même pas mâché ses mots.

"Il n’y aura pas de solution militaire en Libye. Ceux qui le pensent se trompent et risquent d’entraîner ce pays dans une dérive dramatique", a-t-il lancé avant la réunion qu’il a présidée avec son homologue italien Luigi Di Maio.

"L’Afrique a une expertise"

Paris s’inquiète notamment des risques de résurgence du groupe Etat islamique dans le sud de la Libye à la faveur des combats autour de Tripoli.

La France et l’Italie, relayées par l’Allemagne qui a pris une part active dans ce dossier, veulent mettre les protagonistes d’accord sur quatre points: le respect du cessez-le-feu, celui de l’embargo sur les armes, le partage des ressources pétrolières et l’organisation d’une conférence interlibyenne.

Une conférence internationale devrait réunir au préalable les différents acteurs et leurs soutiens à Berlin, en vertu d’un plan proposé par l’envoyé spécial de l’ONU Ghassan Salamé.

Les pays du Sahel, frappés de plein fouet par l’onde de choc de la crise libyenne depuis l’intervention militaire occidentale et la chute de Mouammar Khadafi en 2011, réclament pour leur part une plus grande implication de l’Union africaine dans le règlement de conflit.

Tous leurs dirigeants ont demandé cette semaine durant l’Assemblée générale la nomination d’un envoyé spécial conjoint de l’ONU et l’UA.

"L’Afrique a une expertise qui vient d’être encore confirmée dans la crise du Soudan. La Libye est sur le continent africain, la Libye est africaine, on ne peut pas régler le problème libyen en laissant à la marge l’UA", résume le président nigérien, Mahamadou Issoufou, dans un entretien avec l’AFP.

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