Des centaines de personnes ont manifesté vendredi au Liban malgré l’épidémie du nouveau coronavirus et un couvre-feu, marquant dans l’emblématique ville de Tripoli les six mois d’un soulèvement inédit lancé contre la classe politique et des conditions économiques qui n’ont fait qu’empirer.
Des échauffourées ont éclaté entre des contestataires et l’armée, qui a répondu à des jets de pierre par des tirs de gaz lacrymogènes, quand des manifestants ont tenté d’approcher le domicile d’un député, a rapporté une correspondante de l’AFP.
Les contestataires étaient mobilisés sur la place Al-Nour, épicentre des manifestations à Tripoli (nord), alors que ces derniers mois le mouvement s’est essoufflé.
Ils ont incendié des pneus et sont restés même après l’entrée en vigueur à 19H00 (16H00 GMT) d’un couvre-feu imposé par le gouvernement pour enrayer la propagation de la maladie du Covid-19, selon la correspondante.
Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant le gouvernement mais aussi les banques et le gouverneur de la Banque centrale. Rares étaient ceux qui avaient un masque sur la bouche, selon elle.
Le Liban avait connu le 17 octobre 2019 un vaste mouvement de contestation, qui a vu certains jours des centaines de milliers de personnes mobilisées à travers tout le pays, pour crier leur ras-le-bol et réclamer le renouvellement de la classe politique, accusée de corruption et d’incompétence.
Le pays connaît depuis des mois sa pire crise économique depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), marquée par une forte récession, une fonte des réserves en devises étrangères et une dépréciation de la monnaie nationale ayant entraîné une forte inflation.
Le Liban croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170% du PIB, l’un des taux les plus élevés mondialement. L’Etat a annoncé en mars son premier défaut de paiement dans l’histoire.
En 2020, l’économie devrait connaître une contraction massive de 12%, selon le Fonds monétaire international (FMI). Les autorités planchent actuellement sur un plan de redressement.