La majorité, avec l’aval du gouvernement, a fait adopter, mardi dernier, un amendement instaurant un ticket d’entrée de 30 euros par an. Or la pauvreté des bénéficiaires est telle que la mesure risque de retarder leur prise en charge, en faisant passer la prévention et le suivi médical au second plan. C’est la crainte partagée par l’ensemble des associations regroupées dans l’Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE).
Mi-juin, Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, avait déclaré qu’une « participation financière des bénéficiaires [s’imposait]». Le 7 octobre, Eric Besson tirait la deuxième salve, lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration. Déplorant les «dérives» de l’AME, le ministre proposait aux députés auteurs de plusieurs amendements contre ce dispositif de renvoyer la discussion au «cadre qui[lui] paraît plus adapté de l’examen du projet de loi de finances».
Les élus de la droite majoritaire ont également exclu des soins pris en charge les actes «au service médical rendu faible», comme les traitements de la stérilité et les cures thermales, dans le cadre de l’examen des crédits «santé» du projet de budget pour 2011.
L’amendement instaurant le forfait a été déposé par plusieurs députés UMP, Le principe d’un forfait prévoit également de limiter les ayants droit «aux conjoints et enfants, en excluant les ascendants, les descendants (sauf enfants) et les collatéraux jusqu’au troisième degré».
Plusieurs associations avaient mis en garde contre l’offensive de députés UMP pour restreindre l’AME, estimant qu’il s’agissait de stigmatiser les étrangers.
Jeudi dernier, les associations membres de l’Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) ont tiré la sonnette d’alarme. Si l’accès à l’AME se réduit trop, les sans-papiers vont attendre pour se faire soigner : «[Ils] seraient donc pris en charge à un stade plus avancé de leur pathologie, au risque d’arriver quand [ils] ont besoin de soins urgents, toujours plus lourds et compliqués à mettre en œuvre.»
La gauche a estimé que la restriction touchant l’AME allait porter atteinte à la santé publique car «les personnes concernées souffrent plus que la moyenne de maladies infectieuses graves».
Des organisations de médecins s’inquiétaient également de cette restriction de l’accès à l’Aide médicale d’Etat (AME).
Cette contribution «condamnerait de nombreux malades à rester sans soins», a alerté le Syndicat de la Médecine générale et le Comité des Médecins généralistes pour l’Accès aux Soins. L’association France Terre d’Asile s’est également émue de cette proposition qui, selon elle, «constitue une aberration politique» et «une grave erreur du point de vue de la santé publique».