L’envoi de combattants syriens pro-turcs en Libye doit « cesser » (Macron)

Le président français a demandé dimanche lors d’un sommet sur la Libye que « cesse » l’envoi à Tripoli de combattants syriens pro-turcs en soutien au gouvernement local soutenu par l’ONU.

« Je dois vous dire la vive inquiétude que m’inspire l’arrivée de combattants syriens et étrangers dans la ville de Tripoli, il faut que cela cesse », a déclaré Emmanuel Macron lors de cette conférence à Berlin, selon le texte de son intervention dont l’AFP a obtenu copie.

Ankara est accusé d’avoir dépêché quelques centaines de combattants syriens sur place, en soutien à Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU et en grande difficulté face à l’offensive de son rival, le maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle les trois-quarts du territoire libyen.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussi annoncé l’envoi de soldats turcs à Tripoli au terme d’un accord militaire signé avec le GNA, qui constitue un nouveau tournant dans le conflit libyen.

« Ceux qui croient pouvoir en tirer bénéfice ne réalisent pas les risques qu’ils prennent pour eux-mêmes comme pour nous tous », a ajouté le président français.

La présence de mercenaires russes en Libye, cette fois pour soutenir le maréchal Haftar, homme fort de l’est libyen, est également soupçonnée et la communauté internationale craint de voir le conflit dégénérer en « nouvelle Syrie » en s’internationalisant davantage.

Khalifa Haftar est aussi soutenu par l’Egypte, les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu sans conditions préalable, alors que le Premier ministre Sarraj réclame un recul des troupes du maréchal Haftar sur leurs positions d’avant l’offensive.

Les deux rivaux ne se sont pas rencontrés à Berlin.

Ankara entend aussi faire valider son accord maritime controversé avec le GNA qui pourrait lui ouvrir d’importants droits sur l’exploitation d’hydrocarbures en Méditerranée orientale, selon une source diplomatique française.

« Il revient aux Nations unies de négocier les termes d’un véritable cessez-le-feu sans qu’aucun des belligérants n’y pose de conditions préalable », a souligné le président français.

Emmanuel Macron a aussi insisté sur la nécessité de faire valider les conclusions de la conférence de Berlin, qui vise à stopper les ingérences étrangères et consolider un cessez-le-feu, au Conseil de sécurité des Nations unies.

Le Conseil de sécurité doit « endosser les conclusions de notre travail aujourd’hui afin qu’elles deviennent un cadre de référence clair et exigeant pour tous ceux, présents ou absents aujourd’hui, qui ont un rôle à jouer pour que la Libye retrouve paix, sécurité et stabilité », a-t-il dit, en référence notamment aux puissances régionales qui soutiennent chacun des deux camps.

Emmanuel Macron a enfin plaidé pour un rôle accru de l’Union africaine dans le dossier libyen alors que les pays riverains, notamment du Sahel, sont les premiers exposés aux risques de déstabilisation liés à la Libye.

« Ma conviction est que l’Union africaine a là un rôle important à jouer, en bonne intelligence avec les Nations-Unies » et les pays impliqués dans le conflit, a-t-il ajouté.

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