Le Vendée Globe et ses bolides des mers s’en vont en catimini
Trente-trois skippers dont une partie va voler autant que naviguer à bord de bolides des mers de nouvelle génération équipés de foils: le Vendée Globe, la course mythique en solitaire et sans escale, a débuté dimanche aux Sables d’Olonne.
Cette neuvième édition est partie quasiment en catimini, par la faute du coronavirus, les pontons vides de ce public qui s’était massé à 300.000 en 2016 le long du chenal, pour l’édition remportée par Armel Le Cleac’h.
Pour lui succéder au palmarès, Jérémie Beyou (Charal) et Alex Thomson (Imoca Hugo Boss) dont c’est la cinquième participation, sont favoris.
Le départ a été retardé de plus d’une heure en raison du fort brouillard tombé comme une chappe sur la côte vendéenne, qui ne permettait pas aux organisateurs de voir le bout de la ligne, longue de deux kilomètres.
Les solitaires de neuf nationalités différentes, dont six femmes, ont coupé la ligne au signal sonore à 14H20, sans la noria de bateaux de supporteurs qui les accompagnent traditionnellement sur les premiers milles nautiques.
Les mesures strictes liées à la pandémie ont privé le Vendée Globe d’une fête populaire, qui rassemblait des dizaines de milliers de personnes, notamment sur le chenal emprunté par les concurrents pour rejoindre le large.
« J’ai du mal à réaliser que je prends le départ du Vendée Globe, a confié la néophyte Clarisse Crémer (Banque Populaire X). Il y a un peu d’émotions, un peu de peur. C’est un cocktail bizarre. Je me demande à quel moment je vais chialer ! »
Certains, comme Maxime Sorel (V AND B – Mayenne) ou encore Benjamin Dutreux (Omia – Water Family), ont laissé libre cours leur émotion en descendant la passerelle les menant à leur bateau, encore amarré au ponton de Port Olonna.
« Ca fait longtemps que j’attends ça. Ce n’est pas le Vendée Globe que j’avais rêvé, surtout quand on vit son premier mais il y a des choses bien plus graves », a relativisé le Sablais Sébastien Simon (Arkéa Praprec).
« Les vingt-quatre premières heures sont idéales, on va pouvoir jouer un peu, ça va être une course de vitesse. Je redoute plus la dépression de mardi qui va faire du tri dans la flotte », a prévenu le navigateur, l’un des favoris de la course avec son bateau de dernière génération.
Sur cette neuvième édition, huit Imocas flambant neufs (les monocoques de 18 m dédiés au Vendée Globe) iront chercher la gagne au bout de 44.996,2 kilomètres théoriques (24.296 milles nautiques) qu’ils entendent parcourir en 70 jours.
Pour cela ils comptent sur leurs voiliers +volants+ (les foilers), capables d’atteindre des vitesses phénoménales frôlant les 75 km/h.
Les foils, appendices latéraux, permettent de réduire au minimum les contacts de la coque avec l’eau.
Une incertitude demeure quant à leur fiabilité dans des conditions extrêmes de grosse mer, incertitudes à laquelle ce Vendée Globe devrait permettre de répondre.
Cette flotte est d’une diversité architecturale inédite et nombreuses sont les incertitudes sur leurs capacités à boucler le tour du monde alors qu’ils ont peu navigué en raison de la pandémie.
Outre Simon, Beyou et Thomson, figurent parmi les favoris Charlie Dalin (Apivia), Thomas Ruyant (Linkedout), Nicolas Troussel (Corum L’Epargne) et Armel Tripon (L’Occitane en Provence).
Alors que toutes les éditions du Vendée Globe ont été remportées par un Français, Thomson compte bien entrer dans l’histoire.
Parmi les 33 skippers qui s’élancent, Jean Le Cam (Yes We Cam!) fait figure de doyen à 61 ans pour sa cinquième participation (2e en 2005). S’est également aligné un skipper handisport né sans main gauche, Damien Seguin (Apicil).
Le couple formé par Samantha Davies (Initiatives-Coeur) et Romain Attanasio (PURE-Best-Western) prend le départ chacun sur son bateau.
« Ce n’est pas tous les matins que tu te réveilles » en te disant « aujourd’hui je vais faire le tour du monde. Ca fait bizarre quand même », a dit l’Anglaise Sam Davies, qui pourrait être la première femme depuis Ellen MacArthur en 2000/2001 à monter sur le podium.
Le vainqueur est attendu mi-janvier. Le record à battre est de 74 jours (Armel Le Cléac’h/Banque Populaire en 2016/2017), quand le premier lauréat de cette compétition, Titouan Lamazou avait mis plus de 109 jours, signe de la révolution technologique connue depuis par la voile, dont témoignent aussi les pilotes automatiques.
Le temps limite est fixé à 163 jours. En moyenne, un bateau sur deux termine la course.