Le téléphone chauffe entre Paris et Rabat

Malgré l’appel hier du premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, à son homologue marocain Abdelillah Benkirane, les deux appels téléphoniques du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, à Mohamed Hassad, et ceux du chef de la diplomatie, Laurent Fabius, à son « ami et collègue », Salaheddine Mezouar, rien n’y fait. Le Maroc ne décolère pas.
Pour preuve, il vient de suspendre l’exécution de toutes les conventions de coopération judiciaire avec la France afin de « remédier aux dysfonctionnements qui les entachent ».
L’entretien ce mercredi après-midi du secrétaire général du ministère marocain des Affaires étrangères, Nacer Bourita, avec l’ambassadeur de France, Charles Fries, au siège du ministère, a été destinée à informer le diplomate français de cette décision, selon les informations d’Atlasinfo.

Par Hasna Daoudi

Un peu plus tard dans la soirée, le communiqué du ministère marocain de la Justice et des Libertés tombe.
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Il a été décidé de suspendre l’exécution de toutes les conventions de coopération judiciaire entre les deux pays, pour en évaluer l’impact et les actualiser dans le but de remédier aux dysfonctionnements qui les entachent, et de rappeler le magistrat de liaison marocaine accréditée en France, en attendant de convenir de solutions adéquates garantissant le respect mutuel et total des conventions liant les deux pays dans la lettre et l’esprit, de manière à préserver la souveraineté des deux Etats sur la base du principe de l’égalité qui doit présider à leurs relations", souligne le communiqué.

Le ministère annonce aussi sa décision de « rappeler le magistrat de liaison marocaine accréditée en France ».

Le dépôt d’une plainte introduite en France, jeudi dernier, par une ONG contre le Directeur général de la surveillance du territoire (DGST) pour une prétendue « complicité de torture au Maroc", l’irruption de sept policiers à la résidence de l’ambassadeur du Maroc pour remettre la convocation d’un juge français visant Abdellatif Hammouchi sans passer par les canaux diplomatiques, et enfin les propos, jugés insultants et blessants, attribués par l’acteur espagnol Javier Bardem à un ambassadeur de France aux Etats-Unis, a ulcéré le Maroc.

Dans la foulée, le Monde dans son édition du 21 février rapporte de son côté les déclarations d’un inconditionnel des séparatistes du Polisario, l’acteur espagnol Javier Bardem, dans lesquelles ce dernier prétend que l’ambassadeur de France aux Etats-Unis lui aurait dit en 2011 que le Maroc une « maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on sait défendre».

Malgré le démenti cinglant du quai d’Orsay opposé à l’acteur espagnol, Rabat déplore des propos "scandaleux et inadmissibles " et annule la visite de l’envoyé spécial du président François Hollande, Nicolas Hulot, qui devait animer une conférence à Rabat sur le thème de la protection de la planète et rencontrer plusieurs responsables marocains.

S’exprimant pour la première fois sur ces incidents, le chef de la diplomatie française a regretté mercredi "le tour" pris par la brouille diplomatique entre Rabat et Paris. "Nous avons donné des explications utiles, regretté des incidents qui ont pu se produire, déploré qu’on puisse donner à cette situation un tour qu’elle ne devait pas avoir et j’espère bien que tout cela appartiendra, si ce n’est déjà fait, au passé", s’est avancé Laurent Fabius.

Mardi, des milliers de Marocains manifestaient devant l’ambassade de France à Rabat pour exprimer leur colère. Brandissant le drapeau marocain, les manifestants ont demandé à la France de présenter des excuses et ont dénoncé les agissements des responsables à l’égard du Maroc.

"Ces incidents sont très regrettables", confie à Atlasinfo une source française, indiquant que la France « fait tout pour apaiser les choses».

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