Le Maroc pave la voie vers une résolution du conflit du Sahara Marocain
En dix jours, le ministre marocain des Affaires étrangères, M. Nasser Bourita, a orchestré une tournée diplomatique fulgurante, visitant dix pays afin de rallier un soutien massif à la souveraineté marocaine sur le Sahara. Serait-ce le sprint final avant la ligne d’arrivée ?
Le 8 avril, à Washington, le Secrétaire d’État américain M. Marco Rubio a réaffirmé la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, qualifiant le plan d’autonomie de « sérieux, crédible et réaliste » et de « seule base pour une solution juste et durable ». Ce soutien, ancré dans la proclamation de 2020, s’accompagne d’une coopération militaire renforcée, illustrée par la vente récente de 600 missiles FIM-92K Stinger au Maroc. M. Nasser Bourita s’est également entretenu avec M. Mike Waltz, Conseiller à la sécurité nationale.
Le 13 avril, à Mascate, lors de la 7e Commission mixte maroco-omanaise, le ministre omanais M. Badr Bin Hamad Bin Hamoud Al Busaidi a déclaré que le plan d’autonomie constitue « la base pour le règlement du différend ». Cela renforce l’appui du Maroc par la péninsule arabique puisqu’en effet, tous les sept pays du CCG ainsi que le Yémen soutiennent le plan d’autonomie marocain.
Le 14 avril, à Paris, le ministre français M. Jean-Noël Barrot a réitéré la « position intangible » de la France, réaffirmant le fait que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Le communiqué officiel a souligné que « L’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue ».
Le 15 avril, à Tallinn, le ministre estonien M. Margus Tsahkna a salué le plan d’autonomie comme une « bonne base, sérieuse et crédible » pour une solution négociée, allant même jusqu’à encourager d’autres gouvernements à adopter cette position. Jusqu’ici, l’Estonie ne s’était prononcée qu’en faveur d’une solution pilotée par les Nations Unies.
Dans l’après-midi, à Chișinău, le ministre moldave M. Mihai Popșoi a qualifié le plan de « la base la plus crédible et sérieuse » pour résoudre le différend. Auparavant, la Moldavie adoptait une position de neutralité pure.
Le 16 avril, à Zagreb, le ministre croate M. Gordan Grlić Radman a considéré le plan d’autonomie comme une « bonne base » pour une solution politique. C’est un pas vers le Maroc pour la Croatie qui, jusqu’ici, était neutre.
Plus tard ce jour-là, à Budapest, le ministre hongrois M. Péter Szijjártó a insisté sur le fait que le plan d’autonomie « doit être la base » pour une résolution dans le cadre des Nations Unies.
Le 17 avril, à Madrid, le ministre espagnol M. José Manuel Albares a réaffirmé le soutien de l’Espagne, qualifiant le plan d’autonomie de « la base la plus sérieuse et réaliste » pour régler le différend, consolidant la position de ce partenaire stratégique depuis 2022.
Le 18 avril à Ljubljana, M. Nasser Bourita rencontre son homologue slovène Mme Tanja Fajon qui a annoncé l’ouverture prochaine d’ambassades au Maroc et en Slovénie. Par ailleurs, la Slovénie a maintenu sa position que le plan d’autonomie représente une « bonne base » pour résoudre le conflit.
Sur son trajet retour de Ljubljana vers Rabat, Nasser Bourita a effectué une escale de 2h30 à Genève, vraisemblablement pour une rencontre stratégique au siège des Nations Unies. Bien que les détails de cette visite éclair n’aient pas été officiellement confirmés, elle pourrait s’inscrire dans les efforts du Maroc pour consolider le soutien international au plan d’autonomie du Sahara, notamment en coordination avec l’émissaire onusien M. Staffan de Mistura.
Ces soutiens alimentent un rapport stratégique pour M. Staffan de Mistura, émissaire de l’ONU, qui a récemment exhorté le Conseil de sécurité à capitaliser sur cet élan international. « Je crois que le nouvel élan, fondé sur l’engagement actif et renouvelé de certains membres de ce Conseil, y compris les membres permanents, sera une opportunité pour une désescalade régionale », a-t-il déclaré, ajoutant que les trois prochains mois seront cruciaux pour tracer une feuille de route vers une solution politique durable. Ce rapport pourrait influencer les discussions prévues en octobre 2025 lors du renouvellement du mandat de la MINURSO.
Cette offensive diplomatique porte ses fruits. En effet, 25 pays européens apprécient ou soutiennent le plan d’autonomie marocain en tant que solution au conflit, témoignage de la position du Maroc en tant qu’acteur incontournable pour une solution définitive, alignée sur sa vision d’une autonomie sous souveraineté marocaine.
Initiée dans les années 1970 après le retrait de l’Espagne, la question du Sahara oppose le Maroc, qui revendique sa souveraineté historique, au Front Polisario, entité terroriste soutenue politiquement, financièrement, militairement et logistiquement par l’Algérie. C’est pour résoudre le conflit du Sahara marocain que le plan d’autonomie a été proposé par le Maroc en 2007. Ce compromis vise à accorder une autonomie à la région sous souveraineté marocaine, incluant la gestion des affaires locales, économiques et culturelles. Les positions recueillies lors de cette tournée consolident la légitimité du plan d’autonomie sous l’égide de l’ONU, positionnant le Maroc en tant que pourvoyeur de paix et de stabilité régionale.