De ce point de vue, le renouvellement de Patrick de Carolis a été longtemps considéré par Guéant comme la solution politique la plus neutre. Le chef de l’État, qui a eu de nombreux démêlés avec Carolis, jaloux de son indépendance, ne voulait pas en entendre parler. Guéant a donc poussé en faveur de Pflimlin, dont les rondeurs rassurent. "C’est la défaite de Monsieur "Petits conseils !", clame Pascal Rogard, le chef de file des auteurs, qui a une dent contre Alain Minc. Rémy Pflimlin veut redonner du pouvoir aux chaînes et casser le côté sclérosant du "guichet unique" mis en place par l’ancienne direction. Autant de déclarations qui nous vont très bien. Cela dit, Carolis peut être fier de ce qu’il a fait. Il peut partir la tête haute."
Ces chaînes régionales bazardées par Carolis
Rémy Pflimlin va quitter Presstalis et retrouver la maison qu’il avait laissée à l’arrivée de Carolis. Aux côtés du président Tessier, Pflimlin avait dirigé France 3 durant six ans. Sa grande oeuvre tenait dans l’élaboration du plan Horizon 2008. France 3 devait se transformer en huit chaînes régionales dont la syndication aurait laissé la place à un programme national le soir. Pflimlin avait sillonné la France dans tous les sens pour convaincre les troupes. Mais, dès la nomination de Patrick de Carolis, le plan Horizon 2008 fut stoppé net… "D’ailleurs, on voit bien dans quel état est France 3 aujourd’hui", fait remarquer avec une certaine ironie un membre de l’ancienne équipe Tessier.
Rémy Pflimlin fut également le promoteur du feuilleton Plus belle la vie. Il eut la patience d’attendre six mois avant que la série décolle, non sans avoir totalement reformaté le concept originel pour renouer avec les recettes du soap. À l’origine, l’ambition du projet était tout autre. Il s’agissait de refléter la "vie réelle" du pays en l’accrochant le plus possible à la vie et aux problèmes sociétaux des Français. L’ancien manager de France 3 fut également le premier à introduire une part variable dans le salaire des cadres de France 3 en fonction d’objectifs définis lors des entretiens annuels. Ce système a été depuis élargi aux autres chaînes.
"On a choisi un professionnel d’expérience, dont France Télévisions a bien besoin, déclare Marc Tessier, l’ancien président de France Télévisions interrogé par Le Point.fr. Il saura prendre le virage de la modernité tant attendu de ceux qui aiment vraiment le service public." On notera, chez l’ancien patron du groupe, l’usage du mot "virage" qui fait écho au fameux "virage éditorial" dont Patrick de Carolis avait fait sa boussole.
Sur le site de Presstalis, voici la notice biographique de Rémy Pflimlin :
Rémy Pflimlin (1954), diplômé d’HEC, débuta sa carrière à l’hebdomadaire Jours de France avant de rejoindre en 1985 le quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace. En juin 1991, il est nommé directeur général adjoint de la Société alsacienne de publications, éditrice du quotidien L’Alsace, dont il fut président du directoire de 1993 à 1999. En novembre 1999, il rejoint France 3 en qualité de directeur général. Il a rejoint les NMPP en janvier 2006 en qualité de directeur général adjoint, pour succéder à Ghislain Le Leu au 1er juillet 2006.
Le Point