La voix dissonante de la France sur l’intervention algérienne

Alors que l’opération des forces de sécurité algériennes jeudi a soulevé des interrogations à Tokyo, Londres, Oslo et Washington, qui ont dit regretter de ne pas avoir été mis au courant des intentions d’Alger de faire intervenir les forces spéciales, la France, elle, se montre plus indulgente.

"Nous, on fait confiance aux autorités algériennes." C’est ainsi que Jean-Marc Ayrault a répondu vendredi à la question de savoir s’il déplorait de ne pas avoir été averti de l’assaut donné jeudi par les forces de sécurité algériennes sur le site gazier d’In Amenas. En marge de ses vœux à la presse, le Premier ministre a par ailleurs confirmé qu’Alger n’avait pas prévenu Paris à l’avance de l’opération.

Même message du côté du ministère des Affaires étrangères français, qui s’est lui aussi abstenu vendredi de critiquer l’attitude algérienne, invoquant une situation "particulièrement complexe compte tenu de l’ampleur de la prise d’otages". "Les autorités algériennes ont estimé qu’elles n’avaient pas d’autre choix que de donner l’assaut (…). Paris a été régulièrement informé par Alger", a déclaré le porte-parole du ministère, Philippe Lalliot. Une clémence française qui s’explique par la relation particulière qu’entretient la France avec son ancienne colonie. François Hollande s’était d’ailleurs rendu en Algérie fin décembre dans l’objectif de bâtir une nouvelle relation entre les deux pays. En outre, le soutien algérien est précieux dans l’intervention de l’armée au Mali. Même si dans le même temps le parquet de Paris a annoncé vendredi l’ouverture d’une enquête sur la prise d’otages.

Le Japon "profondément inquiet"

L’indulgence française sur l’opération tranche en revanche avec les réactions de la plupart des autres capitales concernées, qui déplorent ouvertement de ne pas avoir été prévenues de l’attaque. "Le Japon est profondément inquiet que le gouvernement d’Algérie ait mené une opération militaire pour tenter de libérer les otages", a ainsi déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Shunichi Suzuki, à l’ambassadeur algérien Sid Ali Ketrandjé.

"Comme le souhaite fortement le Premier ministre Shinzo Abe, nous demandons à nouveau que l’Algérie fournisse rapidement des informations à jour, fasse de la protection de la vie humaine la priorité, et agisse en étroite concertation" avec les pays concernés, a insisté Shunichi Suzuki lors de l’entrevue. Tokyo restait sans nouvelles vendredi soir (heure de Tokyo) de dix de ses ressortissants qui figureraient parmi les centaines de travailleurs retenus par des islamistes.

La Maison Blanche demande "des éclaircissements"

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a pour sa part regretté vendredi une nouvelle fois de ne pas avoir été informé du lancement de l’opération par l’armée algérienne. "Hier soir (jeudi), le nombre de Britanniques en danger était de moins de 30. Heureusement nous savons maintenant que ce nombre a diminué de façon vraiment significative", a également déclaré le locataire du 10, Downing Street.

La Maison Blanche de son côté avait exprimé jeudi son inquiétude au sujet de l’opération en cours en Algérie et affirmé chercher à obtenir des "éclaircissements" de la part des autorités algériennes. "Nous sommes évidemment inquiets au sujet des informations sur des pertes en vies" humaines lors de cette opération, avait expliqué le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney.

La Norvège attend pour porter un jugement

Enfin, la Norvège, sans nouvelles de huit ressortissants sur le site gazier d’In Amenas, aurait, elle aussi, souhaité être informée par avance de l’opération militaire contre les ravisseurs. C’est ce qu’a déclaré vendredi le chef de sa diplomatie, qui s’est toutefois abstenu de se montrer trop critique envers Alger.

"Nous avons indiqué que l’on aurait voulu être informé par avance" du lancement d’une opération, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Espen Barth Eide à la chaîne TV2 Nyhetskanalen. Espen Barth Eide a cependant estimé qu’il était "trop tôt pour porter un jugement sur l’opération". "C’est facile d’être un expert à longue distance mais c’est beaucoup plus difficile de gérer ce genre de situation d’urgence", a-t-il dit, en précisant que la Norvège ferait ultérieurement sa propre évaluation des événements.

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