La Turquie « sait très bien » comment relancer l’adhésion à l’UE (Mogherini)

"La Turquie sait très bien" ce qu’elle doit faire pour que les négociations d’adhésion avec l’UE repartent, a estimé vendredi sa Haute représentante Federica Mogherini, énumérant une liste de "critères" allant des droits de l’homme aux "bonnes relations de voisinage".

"L’Union européenne a clairement intérêt à ce que la Turquie soit stable, en sécurité, économiquement florissante et démocratique", a souligné Mme Mogherini à l’issue d’une réunion des ministres de Affaires étrangères de l’UE à La Valette, à laquelle a participé le Turc Mevlüt Cavusoglu.

"Notre intention n’est pas et ne sera jamais de faire quoi que ce soit qui pourrait porter atteinte à la Turquie", a-t-elle assuré. Mais "les critères des négociations d’adhésion sont extrêmement clairs".

"Si la Turquie est intéressée par les négociations d’adhésion comme son ministre des Affaires étrangères (Mevlüt) Cavusoglu nous l’a dit aujourd’hui (…), elle sait très bien ce que cela implique, particulièrement dans le domaine des droits de l’homme, de l’Etat de droit, de la démocratie, des libertés fondamentales, dont la liberté des médias, évidemment (par rapport à) la peine de mort et au respect du droit international et du principe de bonnes relations de voisinage", a détaillé Mme Mogherini.

"Personne ne veut la rupture" mais "la carte est entre les mains de la Turquie", a expliqué le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault.

"La Turquie n’a pas à craindre la démocratie, au contraire, ça crédibilise. L’Etat de droit, ça renforce", a fait valoir M. Ayrault.

Les chefs de la diplomatie des 28 pays de l’UE ont discuté vendredi à Malte de leurs relations avec la Turquie après la grave crise diplomatique née pendant la campagne pour le référendum élargissant les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, qu’il a remporté de peu le 16 avril.

Depuis Istanbul, M. Erdogan –qui avait accusé la chancelière allemande Angela Merkel de "pratiques nazies– a lui invité l’UE à améliorer leurs relations. "Malgré la campagne que vous avez menée, notre porte est ouverte", a-t-il lancé lors d’un colloque.

L’Autriche, pays européen le plus critique envers Ankara depuis le coup d’Etat avorté de juillet 2016, a plaidé une nouvelle fois pour un gel formel des négociations d’adhésion, entamées en 2005 mais au point mort depuis des années.

"Je pense qu’il est tout à fait mauvais de maintenir cette fiction d’une adhésion (à l’UE) alors que la Turquie s’éloigne davantage de l’Europe chaque année", a critiqué son ministre des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, en arrivant à La Valette.

Berlin "est strictement opposé à la rupture des négociations d’adhésion", a répliqué son homologue allemand Sigmar Gabriel. "Cela serait une réaction tout à fait mauvaise de notre point de vue", a-t-il ajouté, jugeant que cela risque de "pousser" la Turquie "dans la direction de la Russie".

Les Européens sont par ailleurs liés à la Turquie par un accord migratoire sans précédent qui a permis d’endiguer depuis un an le flux de migrants sur les côtes grecques en mer Egée.

AFP

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