La répression alimente la rumeur d’un faux putsch en Turquie

La rapidité avec laquelle les listes de personnes à arrêter ou à limoger ont été dressées a nourri les rumeurs de complot qui circulent depuis le putsch raté du 15 juillet. Lundi, le commissaire européen en charge de la Politique de voisinage et de l’Elargissement, l’Autrichien Johannes Hahn, avançait que le pouvoir turc avait déjà, bien avant le putsch, préparé des listes de personnes à écarter qui devaient bien servir « un jour ou un autre ».

Mais c’est également le caractère improvisé, bâclé des putschistes qui suscite la curiosité et qui soulève de nombreuses questions depuis vendredi, en Turquie et à l’étranger, d’autant plus que le président Recep Tayyip Erdogan tire jusqu’à maintenant largement profit de ce coup d’Etat militaire raté et peut mettre en lumière le large soutien populaire dont il bénéficie.

Des questions troublantes

Comment expliquer par exemple que les putschistes aient d’abord contrôlé l’un des deux ponts reliant les deux rives d’Istanbul – et encore, une seule moitié de son tablier ? Pourquoi les putschistes ont-ils déployé tant d’énergie pour contrôler la télévision d’Etat TRT, sans pour autant tenter de se rallier la population turque par le biais des réseaux sociaux ? Pourquoi avoir laissé le Premier ministre évoquer l’existence d’un putsch ou le président Erdogan s’exprimer en direct, par visioconférence sur un téléphone filmé par la télévision ? Comment expliquer que le Président, en vacances dans la station balnéaire de Marmaris, a pu décoller et regagner Istanbul si facilement ?

Des purges d’une ampleur inédite

Le pouvoir turc a affirmé dès les minutes suivant le putsch raté que des éléments fidèles à l’imam Fethullah Gülen étaient responsables de cette tentative de renversement, et que les arrestations et les limogeages ont été exécutés rapidement puisque les services de renseignement étaient déjà en possession de ces listes de suspects, sans pour autant pouvoir prouver leur responsabilité jusqu’à maintenant.

Tant que les purges se poursuivront, avec une ampleur inédite et une rapidité foudroyante mais sans davantage d’explications de la part des autorités turques, les théories complotistes, parfois farfelues, souvent bien étayées, vont fleurir et se maintenir tant en Turquie qu’à l’étranger.

"Totalement absurde!"

"Il est totalement absurde" d’affirmer que le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en scène le coup d’Etat de vendredi dernier pour renforcer son pouvoir, a déclaré mardi son porte-parole à la presse. "Si ce n’était pas un coup d’Etat, alors qu’est-ce qu’un coup d’Etat?", a demandé Ibrahim Kalin, "c’est comme si on affirmait que le 11-Septembre a été orchestré par les Etats-Unis ou les attentats de Paris et de Nice (…) par le gouvernement français".

(Avec AFP)

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