La droite française réveille ses vieux démons
En voulant pousser la gauche dans ses retranchements sur la question de l’immigration,Jean-François Copé a rouvert la fracture idéologique au sein de l’UMP où certains s’inquiètent d’une course mortifère aux idées du Front national. Soucieux de capitaliser sur « l’affaire » Leonarda, du nom de la jeune fille rom d’origine kosovare expulsée de France, le président de l’UMP entend relancer le débat sur les politiques migratoires à l’échelle de la France et de l’Europe avant les rendez-vous électoraux de 2014 en écornant le droit du sol.
Face à la pression du Front national, il fait valoir lesattentes de l’électorat de la droite républicaine en la matière,estimant que seule l’UMP « peut apporter une solution » enréécrivant la politique d’immigration.
M. Copé a présenté mardi les grandes lignes d’une proposition de loi qu’il compte déposer prochainement, qui redéfinit le "droit du sol" pour l’acquisition de la nationalité française et vise à rendre la France "socialement moins attractive" pour les immigrants.
Dans un contexte de montée de l’extrême droite et à quelques mois d’échéances électorales (européennes et municipales), le président de l’UMP a estimé qu’il faut "réécrire complètement la politique de l’immigration".
Pour lui, si de nombreux hommes et femmes cherchent à venir en France, souvent illégalement, c’est que le pays est "le plus attractif socialement en Europe pour les immigrés". Il propose donc notamment de supprimer l’aide médicale d’Etat pour les étrangers sans titre de séjour et de limiter l’accès au revenu minimum aux personnes ayant cotisé auparavant au moins dix ans.
Il demande aussi que les enfants d’immigrés, qui acquièrent aujourd’hui automatiquement la nationalité française à leur majorité, ne puissent l’obtenir "que s’ils le demandent".
Le "droit du sol" que M. Copé veut ainsi réformer est un des fondements de la législation française sur la nationalité. Ces propositions rejoignent des éléments du programme du Front national de Marine Le Pen.
"La France dont semble rêver Jean-François Copé, qui est une France recroquevillée sur elle-même, une France étriquée (…) n’est pas la France dont nous rêvons, nous, et que nous sommes en train de construire", a réagi Najat Vallaud-Belkacem.
Marine Le Pen a qualifié la proposition de M. Copé sur la nationalité de "manoeuvre électoraliste et politicienne", estimant qu’"il aurait pu le faire quand son parti était au pouvoir".
Le député Gilbert Collard, élu sous l’étiquette du Front national, a jugé que M. Copé avait "30 ans de Front national de retard" et qu’il essayait "par tous les moyens d’appliquer, en s’en défendant", la politique que préconise ce parti.