Interrogé pour savoir si ce retrait de la force africaine en Centrafrique (Misca) était "irrévocable", le ministre a répondu : "Absolument".
"Nous avons constaté depuis plusieurs mois un lynchage systématique qui touchait le Tchad, son contingent et même les citoyens tchadiens vivant en Centrafrique", a-t-il déploré. "Il est mieux pour nous, peut-être pour la Centrafrique, qu’il n’y ait pas de soldats tchadiens en République centrafricaine".
"Nous avons suffisamment encaissé et il est tout à fait légitime pour nous de défendre quand même la réputation de nos forces, même si les responsables de la transition et même si bon nombre de milieux pensent que la présence des troupes tchadiennes pose problème", a-t-il ajouté.
L’annonce du retrait du contingent tchadien, l’un des principaux de la Misca avec 850 hommes, survient après la mort d’au moins 24 civils à Bangui le week-end dernier, tués par des soldats tchadiens. Il s’agit de l’incident le plus grave impliquant des troupes étrangères en Centrafrique depuis le renversement, en mars 2013, du président François Bozizé par la Séléka, une coalition à dominante musulmane appuyée par le Tchad.
Selon M. Mahamat, les soldats tchadiens "sont tombés dans une embuscade tendue par les anti-balaka (milices à dominante chrétienne). Naturellement, ils ont réagi. Cela a soulevé un tollé".
Dénonçant la "mauvaise réputation fabriquée" de l’armée tchadienne, le ministre a rappelé que "la même armée tchadienne, dont on loue le courage et le professionnalisme au Mali, on la traite ici comme si elle était une milice venue à la rescousse d’une région ou d’une confession. Pour nous, c’est absolument inadmissible".
Le retrait du contingent tchadien intervient alors que la France, l’ONU mais aussi les autorités centrafricaines de transition ont réclamé des renforts pour pacifier le pays, notamment en province, où l’armée française a commencé à se déployer cette semaine dans l’Est.
Interrogé sur l’impact de la décision sur l’engagement tchadien au sein de la force de l’ONU au Mali (Minusma), le ministre s’est contenté de répondre: "Nous aviserons".