La Chine porte « une lourde responsabilité » dans la mort « prématurée » de Liu Xiaobo (comité Nobel)

La Chine porte "une lourde responsabilité" dans la mort "prématurée" de Liu Xiaobo en l’ayant privant de soins médicaux adaptés, a estimé jeudi le comité Nobel norvégien, qui avait attribué le Nobel de la paix au dissident en 2010.

"Nous trouvons profondément troublant que Liu Xiaobo n’ait pas été transféré dans un établissement où il aurait pu recevoir un traitement médical adéquat avant que sa maladie n’entre en phase terminale", a dit la présidente du comité, Berit Reiss-Andersen.

"Le gouvernement chinois porte une lourde responsabilité pour sa mort prématurée", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Elle a notamment déploré que le célèbre opposant n’ait pu bénéficier d’un traitement à l’étranger. "Sous les regards du monde entier, la Chine a choisi (…) de maintenir l’isolement de son prisonnier", a-t-elle regretté.

Le comité Nobel avait attribué la prestigieuse récompense à l’ancienne figure de proue du mouvement démocratique de la place Tiananmen en 1989 pour "son long combat non-violent pour les droits humains fondamentaux en Chine".

Emprisonné dans son pays pour subversion, Liu Xiaobo n’avait pu aller chercher le prix, et son fauteuil, lors de la cérémonie à Oslo, était alors resté vide. Il est mort jeudi à 61 ans d’un cancer du foie.

Il est le premier prix Nobel de la paix à mourir privé de liberté depuis le pacifiste allemand Carl von Ossietzky, décédé en 1938 dans un hôpital alors qu’il était détenu par les nazis.

"Nous devons maintenant nous habituer au fait que ce fauteuil restera vide à jamais. En même temps, nous sommes profondément convaincus que Liu Xiaobo restera un symbole pour tous ceux qui luttent pour la liberté, la démocratie et un monde meilleur", a noté Mme Reiss-Andersen.

"Liu Xiaobo était un représentant d’idées qui résonnent auprès de millions de personnes à travers le monde, même en Chine. Ces idées ne peuvent être emprisonnées et ne mourront jamais", a-t-elle précisé.

La présidente du comité Nobel a aussi égratigné la communauté internationale pour son "silence" et "ses réactions hésitantes et tardives" à l’annonce de la maladie grave de Liu Xiaobo.

"Les gouvernements français, allemand et américain ont fini par appeler à sa libération sans condition, de même que l’UE", a-t-elle souligné.

"C’est un fait triste et troublant que les représentants du monde libre, qui ont eux-mêmes beaucoup de respect pour la démocratie et les droits de l’Homme, soient moins désireux de défendre ces droits au profit des autres", a-t-elle dit.

La Norvège, notamment, a observé un silence gêné ces derniers jours. Même si le comité Nobel est indépendant du gouvernement norvégien, Pékin avait réagi à la récompense de Liu Xiaobo en gelant ses relations diplomatiques avec Oslo. Une normalisation n’a eu lieu qu’en décembre dernier, après six ans de froid.

AFP

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