Journée des droits des femmes: des milliers de manifestants en France pour une convergences des luttes

« Féministes et en colère »: plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Paris et dans d’autres villes de France à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, galvanisées par « l’immense colère » suscitée par le César attribué au réalisateur Roman Polanski. 

Les militantes féministes – mais aussi des hommes – ont manifesté contre les violences sexuelles et sexistes, les inégalités de salaire ou la réforme des retraites et ses effets supposés négatifs pour les femmes.

Dans la capitale, quelque 60.000 personnes, selon les organisateurs, ont défilé derrière une banderole proclamant « On arrête toutes » – mot d’ordre d’une « grève féministe » qui entendait montrer que « quand les femmes s’arrêtent, tout s’arrête ».

« Nous sommes les femmes, nous sommes fières, et féministes et radicales et en colère », scandaient les manifestantes.

Sur les pancartes, on pouvait lire « Qui fait la vaisselle ? Nous on fait la révolution », « Quand une femme dit non, c’est non », ou encore « on se lève et on se casse », en référence au désormais célèbre cri de colère de l’écrivaine Virginie Despentes. « On n’a pas peur du Coronavirus, on a peur des violeurs », chantaient des femmes.

Place de la République, les manifestantes ont lancé « une minute de cris » contre le « César de la honte attribué à Polanski ».

« En tant que victime – j’ai été agressée en octobre -, je tenais absolument à être là », explique à l’AFP Julia, 24 ans, venue de La Rochelle. Le César octroyé à Polanski, « ça m’a vraiment mise hors de moi. C’était la goutte d’eau », ajoute la jeune femme.

Cette polémique concernant le cinéaste accusé de viol a également déclenché depuis quelques jours une nouvelle vague de témoignages sur les réseaux sociaux, sous le mot-dièse #JeSuisVictime.

« On dit que la parole des femmes se libère. Mais ça fait des générations qu’elles parlent ! C’est l’écoute qui se libère, leur parole commence enfin à être entendue », a commenté dans le Journal du dimanche la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa.

– « Vive Adèle Haenel! » –

A Rennes, les manifestants étaient 3.000 à 6.000, selon la préfecture et les organisateurs. « C’est indispensable de venir manifester, la moitié de l’humanité est écrabouillée. Il faut hurler pour arrêter ça », affirme Marie, 44 ans. Sur ses épaules, son petit garçon arbore une pancarte « Pour ma mère, ma soeur, mes copines ».

A Lyon, la manifestation a réuni quelque 4.400 personnes (selon la préfecture), dans une ambiance familiale et festive. De nombreuses pancartes faisant référence à la cérémonie des César: « Merci Adèle », « Vive Adèle Haenel ».

A Toulouse, elles étaient plus d’un millier à défiler au rythme des tambours et des chants militants, rivalisant d’imagination dans leurs slogans, comme « Ras la cup de vos conneries », ou « lâchez-nous la chatte, léchez-nous le clito ».

« Virginie Despentes présidente », « Matzneff, Polanski, on se lève et on vous casse la gueule », proclamaient les manifestantes à Bordeaux – où la préfecture a dénombré 1.500 participants.

A Strasbourg, quelque 800 personnes, selon la préfecture, ont défilé aux cris de « solidarité avec les femmes du monde entier ». Des pancartes appelaient à jeter le « patriarcat au fond du Rhin ».

A Paris, certaines participantes s’étaient vêtues d’un bleu de travail et d’un fichu rouge, les attributs du personnage emblématique « Rosie la riveteuse », « icône de toutes les travailleuses invisibles ».

A 15h40 – heure théorique où les femmes cessent d’être rémunérées compte tenu des écarts de salaires entre les sexes -, elles ont jeté leurs gants de ménage, manière de protester contre ces inégalités salariales et de répartition du travail domestique.

– « Virus patriarcal » –

Le cortège a également rendu hommage au combat des femmes de chambres de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris, en grève depuis huit mois contre la précarité et les temps partiels.

Samedi soir déjà, plusieurs milliers de femmes avaient participé à Paris à une « marche nocturne » pour un « féminisme populaire antiraciste », à l’appel de collectifs militants distincts des organisateurs du défilé de dimanche. Mais la fin de cette manifestation a été entachée d’incidents avec la police, et plusieurs personnalités politiques et associations féministes se sont indignées de « violences policières ».

Parmi les autres manifestations notables ce dimanche, des militantes féministes ont déployé une banderole au pied du Panthéon, proclamant « Aux femmes, la matrie reconnaissante ». Et une quarantaine de militantes Femen ont voulu symboliquement « nettoyer les rues de Paris du virus patriarcal » lors d’une action éclair place de la Concorde.

Une centaine de candidates, de gauche ou de droite, têtes de listes aux municipales, ont signé un appel contre le « sexisme en politique », publié dans le Parisien

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