Dans huit provinces du Sud –dont Nassiriya et Najaf où près de 70 manifestants ont été tués ces trois derniers jours– les autorités locales ont décrété un jour chômé pour les fonctionnaires dimanche, premier jour de la semaine en Irak, en signe de deuil.
Celle sunnite de Salaheddine, au nord de Bagdad, jusqu’ici à l’écart du mouvement contre le pouvoir et son parrain iranien, avait déclaré vendredi trois jours de deuil.
Les provinces sunnites, reprises aux jihadistes il y a deux ans, n’ont pas manifesté jusqu’ici. Si leurs habitants se plaignent des mêmes maux que dans le Sud, ils redoutent d’être taxés de nostalgiques de Saddam Hussein ou de jihadistes, des accusations déjà portées contre les manifestants par leurs détracteurs.
Dimanche toutefois, alors que le gouverneur avait ordonné de faire réciter la prière des morts, les étudiants se sont rassemblés, habillés de noir et brandissant des drapeaux irakiens.
A l’Université de Mossoul, au milieu d’un important déploiement de la sécurité, Zahra Ahmed, étudiante dentiste, a expliqué à l’AFP que "c’est le minimum que nous puissions faire depuis Mossoul pour les martyrs de Nassiriya et Najaf".
Interrogée sur les manifestations qui au départ réclamaient la fin de la corruption, des emplois et des services, elle a dit "ne pas comprendre pourquoi le gouvernement n’a toujours pas répondu aux demandes des manifestants qui sont logiques".
"Nous sommes présents, tout l’Irak est présent, maintenant le gouvernement doit répondre aux revendications des manifestants", a renchérit Hussein Khidhir, étudiant en sciences de l’Education.
Dans le Sud, les manifestations reprennent dimanche, même si le Parlement qui doit se réunir dans l’après-midi pourrait entériner la démission du Premier ministre Adel Abdel Mahdi.
A Nassiriya, ville d’origine de ce dernier, où une quarantaine de manifestants ont été tués vendredi et samedi, les contestataires sont toujours sur une place du centre où ils ont reflué à l’appel des dignitaires tribaux de la ville.
Ces derniers avaient fait sortir des combattants tribaux en armes jeudi, premier jour d’une répression qui a fait sombrer la ville dans le chaos.
Ils les ont rappelés vendredi et se sont mis d’accord samedi avec les forces de l’ordre pour cantonner les manifestations au campement du centre-ville, accusant des saboteurs venus de l’extérieur de la province d’avoir profité des affrontements pour semer le chaos dans la ville, où plusieurs postes de police ont été incendiés.
Pour les Irakiens, c’est tout le système politique, installé par les Etats-Unis après la chute de Saddam Hussein en 2003, et désormais sous la mainmise de leur rival iranien, qu’il faut changer.