Ilyas El Omari : « Le PJD ne défend pas le Maroc. Il défend le califat »

Pour Ilyas El Omari, secrétaire général du PAM, le PJD « ne défend pas le Maroc. Il défend le califat » et gouverner avec lui « c’est hors de question ».

Dans un entretien avec "Jeune Afrique" qui consacre un dossier aux législatives marocaines du 7 octobre, Ilyas el Omari s’est montré sans concession avec le PJD, un parti qui surfe sur la vague d’une islamisation rampante de la société marocaine. « Gouverner avec le PJD, c’est hors de question. Nous ne sommes pas les Tunisiens de Nidaa Tounes qui ont collaboré avec les Frères musulmans d’Ennahda. Nos valeurs et nos projets de société n’ont rien en commun », a-t-il asséné.

Selon Ilyas El Omari, Le PJD est pire que le Front National « qui défend une certaine idée de la France ». « Le PJD ne défend pas le Maroc. Il défend le califat ». « Ces jeunes marocains qui ont rejoint daeash, d’où sortent-ils ? Qui gérait les mosquées et les associations qui les ont préparés et endoctrinés pour le jihad ? Les islamistes, nos islamistes. Je le redis, il faut sauver le Maroc », a-t-il martelé.

Pour le secrétaire général du PAM, le PJD est sur le même registre que les Frères musulmans en Egypte ou en Turquie même si leur modèle reste l’AKP turc.

« Quand il y a eu la pseudo-tentative du coup d’Etat en Turquie, en juillet dernier, on a vu la direction du PJD se précipiter à l’ambassade de Turquie pour soutenir Erdogan. Sur leur page Facebook, la photo du président turc a trôné pendant plus d’une journée, comme auparavant celle de Mohamed Morsi, alors qu’ils n’ont jamais affiché de cette manière leur soutien à la marocanité du Sahara. On a même vu M. Benkirane (ndlr, le Premier ministre) et son épouse faire le signe à quatre doigts des Frères musulmans», a-t-il relevé, avant de déplorer que « les Marocains qui ont voté pour le PJD ont été floués non seulement par sa gouvernance catastrophique, mais aussi par son idéologie. Les Marocains sont des musulmans, pas des islamistes. »

Bilan économique « catastrophique »

Sur le bilan économique du gouvernement d’Abdelillah Benkirane, Ilyas El Omari n’est guère plus tendre. « Le Maroc est en danger. Il suffit pour s’en convaincre de faire le bilan de cinq années de ce gouvernement : c’est terrible, à tous les niveaux. Le taux de croissance est à 1,5 %, le montant de la dette atteint 82 % du PIB, le chômage explose. Ce gouvernement est le seul depuis l’indépendance à ne jamais dialoguer avec les syndicats, ni avec les associations », a-t-il relevé.

Le secrétaire général du PAM ne voit de positif dans son bilan que des déclarations d’intention sur la caisse de compensation ou les retraites. « Rien d’autre»

A titre d’exemple, selon M. El Omari, toute la campagne de M. Benkirane lors des élections de 2011 était basée sur ce thème et pourtant le Maroc n’ pas progressé dans le classement de Transparency International, soulignant que « la lutte contre la corruption commence par une bonne gestion de l’administration, qu’il convient de digitaliser. Cela fait partie de nos engagements. »

Interrogé sur la promesse d’un taux de croissance de 5%, le leader du PAM a indiqué que « c’est le minimum indispensable si l’on veut éviter un crash économique et social ». « Chaque point de croissance équivaut à 30 000 emplois créés. Et le Maroc en a besoins de 150 000 par an. »

Sur la dépénalisation du cannabis, le secrétaire général du PAM a expliqué qu’il ne s’agit pas de dépénaliser le cannabis mais d’un constat lucide. « Plus de 1,5 million de Marocains et une partie de l’économie du Nord dépendent du cannabis. On le sait, on le dit, et depuis soixante ans on ne fait rien. Nous proposons donc l’ouverture d’un débat national, public et scientifique pour en finir avec la politique de l’autruche. Soit on en conclut que la culture est globalement nocive, alors il faut l’interdire et prendre les mesures nécessaires pour les gens qui en vivent, soit on considère qu’un usage positif peut en être fait, notamment dans le domaine médical, comme le démontrent certaines expériences américaines et européennes, alors il faut l’encadrer. »

« Mais, a-t-il souligné, il n’y a rien de pire que laisser prospérer la situation actuelle, propice au trio infernal drogue-armes-terrorisme. »

Quant à la défense des libertés individuelles, Ilyas El Omari a tenu à préciser que le PAM « n’incite personne à la débauche». « Qu’on nous comprenne bien. Nous sommes favorables à une révision du Code pénal dans le sens de la progression des libertés individuelles. Le PAM n’incite personne à la débauche », a-t-il dit, estimant que les deux amants du Mouvement Unicité et Réforme, le bras idéologique du PJD, ne devraient pas être poursuivis par la justice.

Le « Tahakoum » de Benabdallah

Interrogé sur les déclarations de Nabil Benabdallah ministre de l’Habitat et secrétaire général du PPS (communiste), principal allié des islamistes du PJD, contre le PAM et son « tahakoum » (autoritarisme), Ilyas Ell Omari s’est étonné d’entendre M Benabdallah « suggérer que le PAM était l’instrument du tahakoum. »

« Mais qui est-il pour dire cela ? Ni lui ni son parti n’ont jamais été dans l’opposition, y compris à l’époque où Ali Yata le dirigeait, pendant les années du plomb. Il faut être sérieux ! », s’est-il interrogé.

« Cette histoire de tahakoum n’est qu’un stratagème utilisé par M. Benkirane et ses amis pour esquiver la question de leur bilan », a-t-il noté, indiquant que « Fouad Ali El Himma a été l’un des fondateurs de PAM, pas le fondateur unique. Sinon le PAM aurait disparu après sa nomination auprès de Sa Majesté. »

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