Hans-Georg Maassen, le chef de l’espionnage allemand qui parlait trop

Féru d’ordre, le chef du renseignement intérieur allemand Hans-Georg Maassen, contraint mardi à la démission, a surtout semé le chaos jusqu’au sein du gouvernement et le trouble sur ses liens avec l’extrême droite.

"Les fonctions de président de l’Office de protection de la Constitution vont être réattribuées. M. Maassen sera à l’avenir secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur", a annoncé le gouvernement dans un communiqué laconique.

Fasciné par l’Extrême-Orient, marié à une Japonaise, ce juriste d’aujourd’hui 55 ans aura fini par tomber après avoir mis en doute dans le journal le plus lu d’Allemagne, Bild, l’authenticité d’une vidéo, largement diffusée par les grands médias. Et ce sans pouvoir apporter de preuves.

On pouvait y voir des hooligans s’en prendre à des étrangers au cours d’une manifestation d’extrême droite à Chemnitz, qui a choqué l’Allemagne.

Ses déclarations furent la goutte de trop, notamment pour le parti social-démocrate qui a réclamé la tête de cet homme déjà très critiqué pour ses relations présumées avec l’extrême droite.

Son limogeage s’est finalement décidé mardi en fin de journée après une réunion de crise entre les partenaires de la fragile coalition au pouvoir et Angela Merkel.

"Frustration"

Une sortie peu glorieuse pour ce fonctionnaire qui a fait presque toute sa carrière au ministère de l’Intérieur décrit comme un défenseur de l’ordre et du droit.

Appelé en 2012 à la tête des services secrets intérieurs, Hans-Georg Maassen doit redorer le blason d’une agence discréditée pour ses négligences dans l’affaire du groupuscule néonazi meurtrier (NSU).

Il dit alors se sentir "comme le directeur de la construction urbaine, après la deuxième Guerre mondiale, de Cologne", dont il ne restait que des ruines, rappelle le journal.

Il entreprend la modernisation de Office fédéral de protection de la Constitution, dont le siège se trouve dans cette ville de l’ouest. La lutte contre le cyber-terrorisme devient une priorité.

Et il aime aussi s’inviter dans la vie politique, donnant avis par ci, lançant avertissements par là. L’ombre n’est pas pour lui, il apprécie la lumière médiatique.

En 2015, celui qui dans une thèse de doctorat en 1997 mettait déjà en garde contre une immigration incontrôlée, se pose en détracteur de la politique d’Angela Merkel, qui ouvre l’Allemagne à des centaines de milliers de migrants.

Et nourrit depuis lors "une frustration" vis-à-vis de la politique jugée trop généreuse de la chancelière, souligne l’hebdomadaire Der Spiegel.

Liaisons dangereuses
Hans-Georg Maassen parle de risques d’attentats, fait état de 1.900 individus soupçonnés de liens avec la mouvance jihadiste.

En décembre 2016, le Tunisien Anis Amri, un demandeur d’asile débouté mais qui avait disparu des radars des autorités, tue 12 personnes dans une attaque au camion bélier à Berlin. Ses services sont alors de nouveau soupçonnés de négligence.

Selon plusieurs médias, M. Maassen a menti en prétendant que l’agence n’avait pas d’agents doubles dans les cercles proches d’Anis Amri, alors que l’un deux fréquentait la même mosquée que le Tunisien.

Ses rencontres avec des responsables de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite) révélées dans un livre d’une ancienne militante du parti fin juillet, dérangent aussi.

La chaîne de télévision publique ARD a affirmé qu’il avait transmis des informations encore confidentielles à un député de l’AfD Stephan Brandner concernant des suspects islamistes et sur le budget des services de renseignement.

Maassen a formellement démenti ces informations et a récemment affirmé n’avoir eu que cinq discussions avec des membres de l’AfD depuis qu’il a pris ses fonctions contre 237 avec des responsables d’autres partis.

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