Grand hommage à la littérature africaine en la personne de son pilier Chinua Achebe
En rendant hommage ce jeudi 8 avril au grand écrivain nigérian Chinua Achebe, considéré comme l’un des piliers de la littérature africaine, l’Association pour l’étude des littératures africaines (APELA), basée à Londres, a vénéré toute la littérature africaine dans sa diversité géographique et dans son expression orale et écrite en langues française et anglaise.
Ce grand romancier décédé il y a dix ans, et au sujet duquel Nelson Mandela disait que c’était le genre d’écrivain ‘’en compagnie duquel les murs de prison s’effondrent’’, a acquis une notoriété internationale grâce à sa trilogie composée de ses trois romans ‘’Malaise’’, ‘’La Flèche de Dieu’’ et surtout ‘’Le monde s’effondre’’, roman traduit en 45 langues et vendu à 10 millions d’exemplaires dans plus de 50 pays.
‘’Des auteurs comme Ernest Hemingway ont représenté la population noire africaine comme des sauvages et sont ainsi à l’origine d’un énorme blasphème. C’est pourquoi j’ai décidé de tenter d’écrire des livres où des personnages étaient des Africains comme je les connais’’, disait celui qui a déconstruit la perception occidentale de l’Afrique, axée sur le seul point de vue des colonisateurs occidentaux.
Une décision qu’il n’ a pas hésité pas à mettre en exécution en se lançant dans une expression littéraire inégalable, où le mot fut révélateur d’une passion inédite, d’une authenticité qui se nourrit de l’histoire du continent noir, mais aussi d’une volonté exquise de faire ressurgir l’art et la culture Africains tant dépouillés par la présence coloniale.
La formalité de narration faite par cette voix savante et omniprésente, donne une force immesurable à sa diction et invite le lecteur à poursuivre avec un immense intérêt cette chronologie historique qui le transporte avec art et finesse vers des mondes autres, où des vérités différentes s’imposent et où l’analyse des faits et des évènements devient impérative .Tout cela, en incitant le lecteur à repenser l’Afrique ainsi que tous les composants de sa culture, de son histoire et de toute sa civilisation.
Dans l’ensemble de ses œuvres, Achebe opte pour la simplicité verbale, la facilité grammaticale et la focalisation sur le verbe être (to be), comme signe révélateur d’une identité et d’un exister incontestables et plus réalistes que toutes les réalités imposées par le pouvoir de ‘’l’homme blanc’’. Un réalisme historique bien ciblé et bien ficelé par la plume de l’écrivain.
Dans sa trilogie, Chinua Achebe dévoile aussi et avec beaucoup de grâce et de génie, le problème qui se pose en Afrique entre un nouveau mode de vie dit moderne et l’ancien dit traditionnel, ‘’Un problème causé par le choc de l’arrivée des Européens et qui fait complètement effondrer l’Afrique’’, disait-il.
Et le grand Écrivain se souciait aussi de la langue et reconnaissait son pouvoir politique, social et même économique. ’’J’ai peur pour vous jeunes gens car vous ne savez pas ce que c’est que de parler une même voix’’. Même dans ses nouvelles, Chinua Achebe insistait sur ces valeurs de la langue, de l’identité et de du réalisme historique. Des nouvelles telles ‘’le mariage est une affaire privée’’, ‘’La Paix civile’’ et bien d’autres où l’auteur nous démontre une autre façade de la scène africaine, une façade où les cultures se croisent, se dispersent et où le conflit persiste..
Quant à la poésie de Chinua Achebe, cette ‘’thérapie’’ comme les critiques animaient la décrire, trace délicatement et avec beaucoup de profondeur la tentative de sécession de Biafra en 19 67, ainsi que la guerre qui l’oppose à l’Etat fédéral Nigérien jusqu’en 1970 ; des faits dits avec un grand sens de patriotisme et d’appartenance, dans sa collection ‘’Il était une fois un pays, une histoire personnelle du Biafra’’.
Chinua Achebe touchait ainsi à plusieurs genres littéraires autour des thèmes sur lesquels se basait une culture authentique, antique, riche et plurielle; celle de son pays et du continent qui lui avait donné sa couleur et son art . Cette multitude de produits littéraires reconnus au niveau international, fut récompensée par des Prix amplement mérités.