Gaza: le Qatar ne paiera plus les salaires des fonctionnaires du Hamas

Le Qatar ne paiera plus les salaires des fonctionnaires du mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza mais continuera à verser des fonds aux personnes démunies de l’enclave palestinienne, a déclaré samedi l’ambassadeur qatari.

Le Qatar a promis une aide de 90 millions de dollars en six tranches mensuelles dans le cadre d’un accord informel conclu en novembre, après des mois de violences, entre Israël et le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza sous blocus israélien.

L’aide qatarie était essentiellement destinée à payer les salaires des fonctionnaires du Hamas, mais cinq millions de dollars devaient revenir chaque mois aux pauvres qui représentent la moitié de la population.

Deux premiers versements, en liquide, ont eu lieu en novembre et décembre.

L’Etat hébreu a autorisé l’argent à transiter par son territoire en échange d’un calme relatif à la frontière avec la bande de Gaza, qui a frôlé une nouvelle guerre entre Palestiniens et Israéliens en 2018.

Mais jeudi, le Hamas a dit refuser de recevoir des fonds qataris pour payer les salaires de ses fonctionnaires, à cause des conditions fixées par Israël.

Selon le journal israélien Hayom, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a proposé que les fonds soient distribués les vendredis –jour où des manifestations de Palestiniens le long de la frontière avec Israël sont les plus importantes– pour réduire les violences dans ce secteur.

"Après qu’ils (le Hamas, ndlr) nous ont dit qu’ils ne l’accepteraient pas (l’aide, ndlr), nous avons décidé (…) que nous ne leur donnerions plus aucun argent", a déclaré samedi à l’AFP l’ambassadeur du Qatar à Gaza Mohammed al-Emadi.

"La pression était très forte sur le Hamas pour qu’il accepte le liquide en échange du calme, et la pression était aussi très forte sur le gouvernement israélien de la part de l’opposition", a-t-il ajouté.

– "Soulagées" –

"Les deux parties sont soulagées maintenant, totalement soulagées, et c’est beaucoup mieux ainsi", a-t-il dit.

Côté israélien, M. Netanyahu a été accusé par ses détracteurs de servir les intérêts du Hamas en permettant les transferts.

Vendredi, l’ambassadeur qatari avait indiqué que l’aide de son pays transiterait désormais par l’ONU et serait consacrée à des projets humanitaires dans le territoire palestinien, sans donner plus de détails.

Dans le cadre du versement de la troisième tranche, des milliers d’habitants démunis de la bande de Gaza ont reçu 100 dollars samedi selon des journalistes de l’AFP.

Selon des médias palestiniens, M. Emadi avait indiqué que l’aide serait "distribuée à 94.000 familles".

La moitié sera distribuée samedi et le reste dimanche, avait-t-il ajouté, précisant que chaque famille recevrait 100 dollars.

Oussama Koheil, un chômeur de 38 ans, s’est réjoui samedi de recevoir une telle somme même si selon lui elle ne va pas suffire à ces besoins.

"Avec l’école, le loyer, l’électricité, etc. ces 100 dollars ne vont pas durer jusqu’à la fin du mois (…) Mais c’est mieux que rien", a-t-il dit à l’AFP.

Un vigoureux blocus est imposé depuis plus de dix ans par l’Etat hébreu à la bande de Gaza, éprouvée par ailleurs par les guerres.

Un Gazaoui sur deux vit sous le seuil de pauvreté, le chômage affecte 53% de la population, et l’économie de l’enclave est en "chute libre", d’après la Banque mondiale.

Depuis mars 2018, des Palestiniens manifestent régulièrement le long de la barrière frontalière entre l’enclave et Israël pour réclamer la levée du blocus et le droit au retour des Palestiniens sur les terres dont ils ont été chassés ou qu’ils ont fuies à la création d’Israël en 1948.

Au moins 245 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens, la grande majorité le long de la frontière.

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