François Hollande confronté à une « crise de régime »
Les éditorialistes français évoquaient mardi de façon quasi unanime une grave « crise de régime » après la démission du gouvernement liée à de profondes divergences sur le cap économique du président socialiste François Hollande, qui doit saisir « la dernière chance » de « sauver son mandat.
"Quel spectacle !" se désolait pour sa part le quotidien populaire "Le Parisien – Aujourd’hui en France", avec à l’appui les photos des principaux protagonistes — trois ministres, le chef de l’Etat et le Premier ministre — présentés à la façon de personnages d’une sitcom télévisée.
Contesté par son ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, et deux autres ministres (Education, Culture) réclamant une politique plus sociale, le président Hollande a chargé lundi son Premier ministre, Manuel Valls, de constituer d’ici à mardi une nouvelle équipe "en cohérence" avec sa politique de rigueur dans un pays confronté à une crise économique.
Evoquant "la longue, spectaculaire litanie des crises politiques jalonnant le quinquennat" du président Hollande, élu en mai 2012 et qui bat depuis des records d’impopularité, le quotidien économique Les Echos met en garde: "si l’exécutif ne change pas de braquet, le pays est condamné à vivre longtemps encore en régime de crise. Et pourquoi pas en crise de régime".
Le Figaro soutient, lui, que la France a déjà atteint ce stade: "sur fond de défiance abyssale et de désastre économique, comment ne pas reconnaître dans ce gouvernement devenu fou, ce Parti socialiste fracassé, cette majorité en charpie, tous les ingrédients d’une crise de régime dont les conséquences sont encore incalculables", écrit-il.
La stratégie présidentielle consistant à maintenir le cap d’une politique controversée et d’évincer les ministres qui protestent est pour Le Monde "la dernière chance du président de sauver son quinquennat" et pour le couple de l’exécutif c’est "l’heure de vérité: ont-ils la majorité de leur politique ?"
"Rien ne doit dépasser, alignement total", s’insurge en revanche le quotidien communiste L’Humanité, après le débarquement des mutins. Selon le journal fondé par Jean Jaurès, "François Hollande et Manuel Valls ont rapidement et brutalement sanctionné" des ministres "qui avaient finalement dit tout haut ce que pensent une majorité d’électeurs de gauche : l’austérité mène le pays dans le mur…"
"Chacun ou presque sait maintenant que les critiques d’Arnaud Montebourg envers l’austérité européenne sonnent juste", renchérit Libération. Et de toute façon, "avec ou sans Montebourg, il faudra répondre aux questions qu’il a posées. L’autorité est nécessaire dans un gouvernement. Elle ne saurait toujours rimer avec austérité."