François Fillon visé par une enquête
Les sondages de l’ex-gouvernement Fillon font l’objet d’une enquête préliminaire.
A l’origine de l’enquête, une plainte déposée il y a un an par Anticor, l’association anticorruption, qui s’est emparée d’un rapport très critique de la Cour des comptes, remis en 2011, sur les dépenses de communication du gouvernement Fillon. Les magistrats de la Cour notaient que « les règles de concurrence sont parfois méconnues » et ajoutaient que les « conditions d’achat sont parfois contestables, voire irrégulières ». Ces pratiques concernent tous les ministères. Pour Matignon spécifiquement, la Cour relevait des contrats passés avec la société Giacometti-Péron sans mise en concurrence ni publicité pour un montant de 694059 € entre mai 2008 et juillet 2011.
A l’époque, la Cour des comptes, malgré des conclusions au vitriol, n’avait pas communiqué son rapport à la justice. Et dans un premier temps, la plainte déposée par Anticor n’avait pas été suivie par le parquet. « Nous sommes très heureux de ce revirement, explique Me Jérôme Karsenti, avocat d’Anticor. Il y a un an, notre plainte a été repoussée sous un prétexte de forme. Nous avons eu raison d’insister, car c’est une enquête importante qui porte sur la gestion des deniers publics. »
L’Elysée aussi dans le collimateur
Contacté hier, l’entourage de François Fillon nous a indiqué que l’ex-Premier ministre n’était pas joignable. Seule une ancienne membre de son cabinet à Matignon a accepté de répondre à nos questions : « Les commandes de sondages et d’enquêtes ont été régularisées par une convention répondant aux régles des marchés publics en 2010, explique-t-elle. Il n’y a donc pas de problème et d’ailleurs, la Cour des comptes n’avait pas saisi la justice. » La justice est désormais saisie, même s’il faut attendre pour savoir si l’enquête préliminaire devient une information judiciaire. Une autre enquête est d’ailleurs déjà ouverte concernant là aussi des sondages (9 M€ au total), mais commandés par l’Elysée entre 2007 et 2012, mettant en cause l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, et des instituts d’opinion encore cités dans la nouvelle affaire, comme Giacometti-Péron.
Pour Fillon, la divulgation de cette enquête tombe mal : c’est ce week-end qu’il lance la campagne d’adhésion à son mouvement, Force républicaine. Ce mouvement doit lui servir de base pour préparer l’élection présidentielle de 2017.