France: Macron et Le Pen entament la dernière ligne de leur campagne

A la veille d’un duel télévisé sous haute tension, le jeune centriste Emmanuel Macron et sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen entament la dernière ligne de leur campagne présidentielle pour tenter de convaincre les Français appelés aux urnes dimanche.

Le Pen "l’héritière", Macron "le visage de la finance": à six jours de la présidentielle française, les deux candidats ont redoublé leurs attaques lundi, tous deux critiqués lors des traditionnels défilés du 1er mai émaillés de violences.

Le candidat pro-européen de 39 ans, donné gagnant le 7 mai par les sondages, et sa rivale d’extrême droite se sont affrontés par grands meetings interposés, les derniers avant le scrutin de dimanche.

Ils seront mercredi face-à-face lors d’un débat télévisé crucial. En 2002, le candidat de droite Jacques Chirac, largement élu, avait refusé le débat face à Jean-Marie Le Pen, père de la candidate actuelle, qui avait déjà provoqué un vif émoi en se hissant au second tour de la présidentielle.

Mais contrairement à ceux de 2002, les défilés de lundi n’ont pas sonné la mobilisation générale. Il y a 15 ans, ils étaient 1,3 million à dire leur "honte d’être Français" et appeler à contrer l’extrême droite. Cette année, la mobilisation a atteint 142.000 personnes selon le ministère de l’Intérieur, 280.000 selon le syndicat CGT.

Et les défilés se sont déroulés en ordre dispersé dans toute la France: les uns appelaient à "faire barrage" à la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen, d’autres à voter pour Emmanuel Macron, et d’autres encore à "battre les deux candidats".

Des heurts ont éclaté en marge de la manifestation parisienne: des personnes encagoulées ont jeté des projectiles et cocktails Molotov sur les forces de l’ordre, blessant six policiers.

Les deux candidats se sont rendu coup pour coup. Le candidat du mouvement "En Marche!" a répondu à Marine Le Pen qui, quelques heures plus tôt, l’avait accusé d’incarner "En Marche ou crève": "Elle a raison: En marche, c’est nous!", a lancé M. Macron, laissant ainsi entendre que "crève", c’est l’extrême droite.

Quant au programme du Front national, "jamais ils n’expliquent comment ils le paieront. Soit ils augmenteront vos impôts, soit ils augmenteront votre dette… Mais il y aura un cocu dans l’histoire, parce qu’ils mentent!", a-t-il fustigé.

"Le projet de l’extrême droite, (..) c’est la réduction des libertés, la négation des différences. Cela, ne l’oubliez jamais !", a martelé à Paris Emmanuel Macron devant quelque 12.000 partisans, selon son équipe.

Sur la chaîne de télévision TF1, il a ensuite dénoncé un parti, le FN, qui "porte la haine et la division du pays".

Dans une France en proie à la désindustrialisation et un chômage endémique de 10%, la candidate du FN s’est présentée comme la voix "du peuple et des ouvriers".

Dans un discours virulent devant ses partisans près de Paris, elle a appelé à "faire barrage à la finance, à l’arrogance, à l’argent roi", qualifiant son rival de "candidat du système" après avoir été banquier puis ministre de l’Economie du président socialiste sortant François Hollande.

"M. Macron, c’est une conception radicale, extrémiste de l’Union européenne", a-t-elle ajouté, l’accusant de vouloir "soumettre" la France à "la chancelière allemande" Angela Merkel et la "livrer à la submersion migratoire".

Dans ce discours, la frontiste a plagié au moins quatre passages, quasiment au mot près, d’un discours prononcé mi-avril par le candidat de droite François Fillon, éliminé au premier tour.

Florian Philippot, vice-président du Front national, a assuré qu’il s’agissait d’un "clin d’oeil assumé à un bref passage touchant d’un discours sur la France".

L’écart se réduit

L’écart se resserre entre les deux finalistes. M. Macron est désormais crédité de 59% des intentions de vote contre 41% pour Mme Le Pen, qui mène depuis plusieurs années une stratégie de banalisation de son parti, à rebours des propos antisémites et xénophobes de son père.

Cette stratégie semble avoir en partie fonctionné.

"Notre slogan est clair: Il faut battre le FN pour le progrès social. Le FN est un parti raciste, xénophobe, antifemmes et libéral", a déclaré le secrétaire général du syndicat CGT, Philippe Martinez, lors du défilé parisien du 1er mai.

Mais dans les cortèges, de nombreux manifestants disaient ne vouloir d’aucun candidat.

A Paris, Camille Delaye, professeur de 28 ans, brandissait une pancarte proclamant: "L’abstention, c’est un acte politique". "Si on vote Macron, on va encore plus favoriser Le Pen", argumentait-il.

Le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, dont beaucoup de militants participaient à la manifestation parisienne, a fait une apparition. Après avoir engrangé 19,6% des voix au premier tour, il s’est prononcé contre Marine Le Pen.

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