France : bataille acharnée en vue sur les retraites à l’Assemblée

Combattue dans la rue au cours d’un conflit social exceptionnellement long cet hiver, la réforme des retraites promise par le président français Emmanuel Macron arrive lundi à l’Assemblée, où une nouvelle bataille épique va se jouer.

Dans l’hémicycle, la majorité présidentielle compte défendre un système « plus solidaire », la gauche torpiller un projet « injuste » avec une nuée d’amendements et la droite incarner « une troisième voie ».

Sous la pression de la rue mobilisée depuis le 5 décembre et d’une nouvelle « journée morte » prévue par des syndicats dans les transports pour lundi, les députés vont rentrer dans le vif de ce projet hautement sensible visant à créer un « système universel » de retraite par points, fruit d’un engagement de campagne d’Emmanuel Macron.

Le gouvernement vise une adoption en première lecture avant les élections municipales en mars et espère un feu vert définitif « d’ici à l’été ».

Mais le calendrier est-il tenable alors que 41.000 amendements ont été déposés ? Pour l’heure, 15 jours de débats sont prévus.

« Le tir n’est jamais sûr », a reconnu le président de l’Assemblée Richard Ferrand, du parti présidentiel La République en marche(LREM).

Il faut « gagner la bataille des retraites », a martelé Emmanuel Macron en début de semaine, appelant les députés de la majorité à « vendre » cette « réforme de justice » même s’ils « catalysent » la violence, avec des attaques sur les réseaux sociaux ou des dégradations de permanences.

« C’est faux de dire qu’il faut encore du débat. Ça dure depuis deux ans », a jugé le chef de l’État élu en 2017, qui a fait de ce dossier un projet emblématiques de son ambition de « transformer » la France.

Face à l’obstruction assumée du parti de la gauche radicale La France insoumise (LFI) qui comptabilise à elle seule 23.000 amendements, les responsables de la majorité martèlent qu’un recours au 49-3, une arme fournie par la Constitution qui permet l’adoption sans vote, « n’est pas l’objectif », mais des « marcheurs » ne l’excluent pas si le débat est « clairement impossible ».

– « Vent d’obstruction, marée d’amendements » –

« Totalement impensable », a prévenu le parti d’opposition de droite Les Républicains (LR). Ce serait même « du délire » pour Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, le premier syndicat français.

Les oppositions ont aussi prévenu que le texte ne passerait pas « comme une lettre à la poste ».

Droite comme gauche dénoncent un « mépris » à l’égard du Parlement et un projet « nébuleux » et « à trous », avec notamment une trentaine d’ordonnances (prises par le gouvernement dans des matières relevant normalement du domaine de la loi) programmées.

Les trois groupes de gauche – PS, PCF et LFI – qui taclent l' »amateurisme coupable » du gouvernement, tablent, en plus des amendements, sur une motion référendaire (en vue de soumettre le texte à référendum) lundi, voire une motion de censure, des étapes qui vont ralentir les débats.

À droite, LR fustige également « l’impréparation » du gouvernement et s’insurge contre la programmation du vote avant les conclusions d’une « conférence de financement », censée trouver d’ici à avril des mesures permettant d’atteindre l’équilibre financier en 2027.

Mais la majorité présidentielle est résolue à faire aboutir cette réforme « de progrès social », « contre vents d’obstruction et marées d’amendements ».

Si le groupe soutient globalement la réforme, des interrogations ont émergé sur son impact budgétaire et certains à l’aile gauche comptent faire entendre leur voix sur des sujets comme la prise en compte de la pénibilité de certains métiers. Un « marcheur » prédit « un exercice de discipline collective forte ».

La réforme vise à instaurer un système « universel » de retraite et à supprimer les régimes spéciaux qui permettent aux personnes appartenant à certaines catégories professionnelles de partir plus tôt. Son but est également d’assurer l’équilibre financier à long terme du système en incitant les Français à travailler plus longtemps, point sur lequel se cristallise l’opposition.

Le mécontentement s’est traduit à partir du 5 décembre par des manifestations et des grèves, notamment dans les transports. Les habitants de la région parisienne ont été particulièrement touchés par une grève d’un mois et demi dans les transports publics.

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